Sarah Perles : «Meryem s’est battue pour Sofia !»

Dans le film de Meryem Ben M’Barek,«Sofia», en lice pour la caméra d’or de la catégorie «Un certain regard» à Cannes, la comédienne marocaine Sarah Perles campe le rôle de la cousine d’une héroïne en déni de grossesse, qui se trouve dans l’illégalité du jour au lendemain en devenant mère-célibataire. Rencontre avec une actrice-née qui raconte un tournage profondément humain.

La caméra l’aime et cela se voit. Sarah Perles est une actrice naturelle à l’écran qui donne l’impression que c’est facile de jouer la comédie. Révélée par «Burne Out» de Noureddine Lokhmari, la comédienne enchaîne les tournages jusqu’à tomber sur le bon: «Sofia» de Meryem Ben M’Barek porté par la comédienne Maha Alami, sélectionné pour le Festival de Cannes ! «On ne s’imagine jamais qu’un film qu’on tourne finira à Cannes, c’est inespéré», avoue la comédienne qui se dit trop concentrée sur un tournage pour penser à l’après film. «Sur un tournage, on est dans le personnage, on vit l’expérience à fond, on est dans la difficulté, comment penser à autre chose ?». Et pourtant… Le film est dans une belle catégorie, puisqu’il pose un regard réaliste sur une société marocaine injuste avec ses femmes célibataires. Le personnage de Sarah, la cousine de Sofia, a ce regard occidentalisé de la réalité marocaine, parfois trop biaisé. «C’est une fille de la bourgeoisie mais qui n’est pas clichée. Elle est naïve, elle a une belle sensibilité qui m’a touché. Elle est humaine, elle veut aider son prochain, tout en étant déconnectée avec la réalité marocaine», précise la comédienne qui a été castée par la réalisatrice dans la rue.

Un jour, les deux femmes se rencontrent dans les rues de Casablanca. Elles se connaissaient à peine. Quelques jours plus tard, la jeune comédienne reçoit un mail de la part de la cinéaste: «Serais-tu intéressée par un des rôles principaux dans mon film ?». Comment dire non à une telle proposition ? Sarah Perles accepte tout de suite en lisant le scénario. Elle est touchée par l’histoire et le rôle qu’on lui propose. «Meryem a beaucoup d’instinct, elle a trouvé ses acteurs par instinct. Elle ne voulait pas nous épuiser, on n’a pas fait beaucoup de répétitions. Elle a fait en sorte que les personnages nous correspondent, que ce soit presque naturel. Meryem est bienveillante à l’image d’une grande sœur, elle dirige de façon naturelle». Le travail avec la réalisatrice s’est fait dans les meilleures conditions, puisque selon l’actrice, le film doit son succès à une maîtrise du sujet de la part de Meryem Ben M’Barek qui visualisait son film parfaitement, et qui le porte en elle depuis longtemps. «Meryem a défendu ce film, s’est battue pour «Sofia», l’a porté sur ses épaules ! Elle dirige ses acteurs de façon pointilleuse. Elle sait exactement ce qu’elle veut. Elle est précise, elle visualise la dynamique des personnages. Cela aide beaucoup quand le réalisateur est un très bon scénariste parce que les scènes sont fluides. On comprend les enjeux qu’elle nous rappelait avant chaque scène et ça devient organique. Dans les rapports avec les autres personnages, les tensions sont bien installées, les scènes bien amenées». Résultat: le film ne peut que toucher. Les critiques sont sensibles à ce sujet qui est amené différemment que «Much Loved», selon «Libération». Comme quoi, le regard d’une femme-artiste peut apporter une autre dimension. Sarah Perles avait déjà traité le sujet dans «Burne Out» avec la question de l’avortement, des relations hors mariage, du viol. Avec «Sofia», c’est différent. «Traiter ce sujet là à travers les yeux d’une femme, d’une réalisatrice comme Meryem et surtout traiter le sujet autrement est une chance, quelque chose que je voulais vraiment faire», conclut la comédienne ravie de faire partie de cette belle aventure ! En attendant l’éventualité de la caméra d’or demain samedi, Sarah Perles et Meryem Ben M’Barek peuvent se féliciter d’avoir touché les cœurs des festivaliers venus du monde entier…