Fête du travail à Casablanca : L’échec du dialogue social mine les célébrations
Au sein de la capitale économique, l’atmosphère était celle de la déception pour la CDT et l’UMT. Trois demandes principales se dégagent des slogans du 1er mai.
C’est un appel à l’union de toutes les forces syndicales qui reste le principal message des centrales syndicales durant leur célébration de la Fête du travail. À Casablanca, la CDT a fait entendre haut et fort sa profonde déception à propos de l’offre gouvernementale qui a été formulée durant le dernier round du dialogue social. «Le gouvernement ne négocie pas, il fait des manœuvres et finira par détruire le dialogue social», affirme Abdelkader Azzair, le vice-président de la CDT lors de la marche qui a été organisée par les composantes de la confédération dans son fief à Casablanca. «Nous avons répondu le 30 avril à l’offre du gouvernement. Nous avons demandé une hausse de 600 DH pour toutes les catégories des fonctionnaires du public et de 10% pour les salariés du secteur privé», précise le N°2 de la CDT à propos du refus exprimé par la centrale. Dans les slogans brandis par les militants, ce sont les questions de l’intégrité territoriale et la défense de la cause palestinienne qui ont figuré en tête de liste des discours préparés par les dirigeants syndicaux, à côté de «la poursuite du dialogue social, loin de la politique de la monopolisation de la décision», indique le vice-président de la CDT. Pour l’UMT, c’est le même climat qui a prévalu au sein des militants durant leur défilé, avec une liste de demandes qui englobent la révision de la mouture actuelle de la loi organique de la grève, ainsi que le renforcement des libertés syndicales au sein des entreprises».
Une nouvelle forme de contractualisation
Trois demandes principales se dégagent des attentes exprimées par les centrales syndicales les plus représentatives, que sont successivement la hausse des salaires au sein du public et du privé, le respect des engagements non encore exécutés des accordes du 30 avril 2011 et l’aboutissement à une nouvelle forme de contractualisation des 3 partenaires sociaux. Les syndicats veulent en effet accélérer la cadence de la généralisation des contrats collectifs. À noter aussi que les attributions limitées et les actions souvent superficielles des comités d’entreprise et de sécurité et d’hygiène sont aussi persistants, ajoutés à l’absence d’encadrement des délégués élus et l’absence d’information et de consultation. Les représentants des salariés demandent aussi d’opérer une rupture pour que les conventions collectives touchent l’ensemble des secteurs qui sont hantés par les conflits collectifs, de même que le recours aux protocoles d’accord pour résoudre les conflits, devra ne plus se focaliser sur le court terme et devront se transformer en des mécanismes de négociation qui s’inscrivent dans la durée. Le gouvernement a présenté, durant le dernier round du dialogue social, une feuille de route qui met en avant l’usage de la contractualisation au sein des grandes entreprises et permet de tempérer le climat social pour une large frange du tissu productif. Les secteurs les plus couverts restent ceux de l’industrie de l’agroalimentaire, de l’automobile et le transport routier, ainsi que le secteur du commerce et des services. La démarche devra concerner les secteurs les plus touchés par les désœuvrements collectifs. Malgré le seuil inégalé atteint en 2017 avec 15 conventions collectives qui ont été signées, plusieurs obstacles restent encore à surmonter, notamment la faiblesse de cet outil au niveau territorial et le manque de qualification.
Offre du gouvernement : l’exécution à partir de juillet
Le dossier remis aux syndicats montre que le gouvernement procédera à la création d’un nouveau grade de promotion concernant les fonctionnaires, classés dans les échelles 8 et 9 et d’augmenter la prime de naissance de 150 DH à 1.000 DH, à partir du premier juillet 2018. La 2e décision prise par le gouvernement devra, quant à elle, attendre le vote du budget de 2019 ainsi que la validation du Conseil d’administration de la CNSS. Il s’agit de la hausse des allocations familiales dans le secteur public et privé, à raison de 100 DH pour chaque enfant, avec un nouveau plafond de 6 enfants, au lieu de 3. Cette décision, qui ne prendra effet qu’en janvier 2019, nécessite une enveloppe de plus de 1,2 MMDH pour près de 455.000 fonctionnaires des administrations et des collectivités territoriales.