El Othmani prône la fermeté
À la première réunion de la Commission nationale anti-corruption, le chef du gouvernement a appelé les intervenants à accélérer la cadence pour la mise en oeuvre de la stratégie nationale. 16.000 plaintes pour corruption ont été enregistrées par le portail national et 71 mesures réalisées sur 171.
La Commission nationale anti-corruption a tenu sa première réunion, hier à Rabat, sous la présidence du chef du gouvernement et nombre de ministres et responsables institutionnels concernés. Elle intervient alors qu’il y a une volonté politique, comme l’a souligné Saâdeddine El Othmani d’accélérer la cadence et de faire de 2018 une année de mise en oeuvre des mesures de lutte contre la corruption. Aujourd’hui, sur les 171 mesures inscrites dans la stratégie nationale pour le compte des années 2016-2017, 71 ont été réalisées dont notamment le portail de réception et de traitement des plaintes qui, à ce jour, a totalisé 16.000 plaintes ainsi que les réformes législatives dans ce sens, y compris la loi sur l’accès à l’information et le rôle prépondérant du ministère de la Justice.
Toutefois, malgré une progression de neuf places dans le classement mondial de l’indice de perception de la corruption (IPC) en 2017, le chef du gouvernement relativise en appelant à plus de fermeté dans la mise en oeuvre de la stratégie qui s’appuie sur 10 programmes stratégiques. El Othmani a reconnu que le phénomène de la corruption a des ramifications qui représentent une menace pour le développement du pays. Il a dans ce sens appelé à une mobilisation sociétale qui dépasse le cadre gouvernemental pour concerner directement le citoyen et la société civile. Pour lui, les efforts en matière de lutte contre la corruption doivent être ressentis par le citoyen dans ses rapports de tous les jours avec l’administration et les autres services. Pour montrer sa détermination, en mai 2017, soit un mois après l’installation du nouveau gouvernement, des réunions avaient été tenues avec les coordinateurs des 10 programmes susmentionnés. En octobre de la même année, le décret de mise en place de la Commission nationale anti-corruption était fin prêt. C’est à cette commission qu’incombe de mettre en œuvre la stratégie nationale grâce à de nouveaux outils de gouvernance. Il a été ainsi décidé de revoir la programmation et les deadlines de réalisation des projets de ladite stratégie nationale en mettant en place des plans précis et détaillés. S’y ajoute un travail d’évaluation et d’enquête portant sur certaines mesures qualitatives dans le but d’évaluer leur efficacité et leur impact.
Pour El Othmani, la finalité n’est pas de lancer des projets sans qu’ils aient le rendu voulu et sans qu’ils soient adoptés par le citoyen. La qualité des interventions de la commission nationale en convergence avec celles des autres organismes comme l’Instance de probité et la société civile est primordiale. Sur le terrain, en 2016 quelques 3.000 poursuites judiciaires ont été menées dans le cadre de la lutte contre la corruption. Parmi les projets phares qui auront un impact direct sur la perception du phénomène par le citoyen figure la généralisation du référentiel des prix du foncier comme base de calcul des impôts sur les opérations immobilières ou encore un système informatique pour la prise de rendez-vous dans les hôpitaux. D’un budget de 1,8 MMDH, la stratégie nationale de lutte contre la corruption comprend 16 axes et 239 projets. Elle est composée de dix programmes coordonnés par les ministres et les présidents des instances concernées. Il s’agit du programme de l’amélioration des services destinés aux citoyens, coordonné par le ministre de l’Intérieur, du programme de l’administration électronique, coordonné par le ministre de l’Industrie, du programme de l’éthique ainsi que du programme de la transparence et de l’accès à l’information, coordonné par le ministre de la Fonction publique. Quant au programme des marchés publics et celui du contrôle et de la reddition des comptes, ils sont coordonnés par le ministre de l’Économie et des finances, celui de renforcement de la poursuite et de la répression revient au ministre de la Justice tandis que le programme de l’intégrité du secteur privé est chapeauté par la présidente de la CGEM. Enfin, le programme de la communication et de la sensibilisation incombe au ministre de la Communication tandis que le programme de l’éducation et de la formation est, quant à lui, coordonné par le ministre de l’Éducation nationale.