Culture

Le «Kamasutra» sur «La main de Fatma» censurée

Une création artistique de Khadija Tnana représentant la silhouette d’une main, composée de 246 amulettes sur lesquelles sont dessinées des positions érotiques a été retirée du Centre d’Art moderne de Tétouan. L’artiste remet en cause le ministère de la Culture.

«Kamsutra» ! C’est le nom que porte l’œuvre de l’artiste Khadija Tnane qui a été retirée du Centre d’Art moderne de Tétouan à la demande du ministère de la Culture.

La composition visuelle sous forme d’une main de Fatma (Khmissa), elle-même composée de 246 khmissates de papier marouflé sur carton a apparemment trop dérangé le ministère de la Culture qui n’a pas apprécié les positions érotiques qui y apparaissent et inspirées du fameux Kamasutra.

 L’artiste, s’inspirant de l’ouvrage érotique de Cheikh Nefzaoui, a voulu appréhender la place de la liberté sexuelle notamment en Islam qui n’interdit pas le plaisir. «Je voulais montrer qu’au XVe siècle déjà, on s’enquerrait de sexualité, sans tabous. D’autant que dans notre culture, basée en grande partie sur la religion musulmane, l’Islam n’interdit pas le plaisir, contrairement au catholicisme qui évoque le péché originel».

Le responsable du Musée, Bilal Chrif, partage pourtant la même vision que l’artiste en affirmant qu’«il n’est pas contre la liberté d’expression». Toutefois, «cette œuvre en particulier ne correspond pas à la ligne du centre. Nous avons près de 1600 visiteurs par mois, les habitants de Tétouan sont des gens conservateurs, cette œuvre allait nous créer des ennuis et nous ne cherchons pas la polémique», a-t-il éclaircit.

Une œuvre politique

Selon Khadija Tnane, «Kamasutra» est une œuvre à caractère politique. «L’idée de mon installation est née d’un constat : dans nos pays, il existe encore une séparation entre les deux sexes, qui s’accompagne d’un discours que l’on transmet aux jeunes, et qui dit en substance que les hommes sont dangereux pour les femmes, et vice versa», explique-t-elle.

«Je m’y attendais plus ou moins, car on assiste à une régression de notre société fataliste».

L’artiste a dans ce sens insisté sur le rôle que pourraient jouer les responsables pour une meilleure appréhension des sujets que sont le sexe et l’amour et par conséquent de l’éducation sexuelle. «Nous avons besoin d’éducation sexuelle. Certes les discussions existent, la presse en parle et nous savons à quel point ce tabou qui persiste est un fléau. Aux responsables de sauver la situation. L’équilibre de notre société en dépend», ajoute l’artiste.

 

 

 

 



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