Les ralentisseurs respectent-ils les normes ?
Bien que la conception des ralentisseurs soit théoriquement soumise à des normes réglementaires bien définies, sur le terrain, la réalité est marquée par la non-conformité de ces équipements aux normes en vigueur, tant sur le plan technique que conceptuel.
Quel que soit le trajet emprunté, au niveau du Grand Agadir, il est rare que les automobilistes ne soient pas obligés de franchir les surélévations de la chaussée qui les obligent à réduire leur vitesse de circulation. Au cours de ces dernières années, ces ralentisseurs se sont multipliés dans les différentes artères du Grand Agadir, ce qui pousse les usagers de la route à se plaindre de ces équipements de sécurité qui abîment leurs véhicules. Et rien qu’au niveau d’Agadir, plus de 130 ralentisseurs ont été installés selon la commune urbaine de la ville. «En tant qu’automobiliste, je suis avec la modération de la vitesse dans les points sensibles, mais les exigences de la prévention des accidents ainsi que la protection des piétons n’expliquent pas la prolifération de ces surélévations qui ne respectent pas les normes», précise un usager de la route.
À ce sujet, il faut souligner que bien que la conception de ces ralentisseurs soit théoriquement soumise à des normes réglementaires bien définies pour protéger les usagers, sur le terrain, la réalité est marquée par la non-conformité de ces ralentisseurs de vitesse aux normes mises en vigueur, tant sur le plan technique que conceptuel. Dans le détail, la norme marocaine afférente aux ralentisseurs routiers de type dos d’âne ou de type trapézoïdal, régie par l’arrêté conjoint du ministre de l’Équipement et des transports et du ministre de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, publié au Bulletin officiel n° 5636 du 5 juin 2008, stipule que ces types de ralentisseurs doivent être visibles de jour comme de nuit. Toutefois, exception faite de quelques ralentisseurs récemment aménagés à Agadir, en l’occurrence les plateaux réalisés au Barreau Est-Ouest, au centre de Talborjt, dans la localité d’Anza et bien d’autres qui sont en conformité à la norme, une bonne partie de ces obstacles ne respectent pas la signalisation par des panneaux qui alertent les conducteurs du rehaussement de la chaussée et la limite de la vitesse à 30 km/h.
Du côté de la Commune urbaine d’Agadir, qui fait partie du Grand Agadir, l’ensemble des ralentisseurs ont été réalisés conformément aux règles de l’art et au guide de signalisation national 2012. Toutefois, sur le plan technique, allusion faite aux caractéristiques géométriques et paramètres d’aménagement, «la majorité des ralentisseurs ne respectent pas les normes en matière d’intervalle et hauteur», explique un ingénieur en génie civil. Sur ce point, il faut savoir que le ralentisseur de type dos d’âne qui est sous forme circulaire doit être réalisé avec 0,10 cm de hauteur et 4 mètres de longueur et des saillies d’attaques de ces dos d’ânes qui ne doivent pas dépasser 5 mm de hauteur. Néanmoins, ces normes ne sont pas respectées, ce qui a poussé les services concernés à raboter plusieurs ralentisseurs à l’échelon du Grand Agadir avec de l’asphalte surtout au niveau des saillies d’attaques afin de réduire le coefficient de frottement avec les véhicules. Le constat est le même pour le ralentisseur de type trapézoïdal qui comporte un plateau surélevé et deux parties en pente, dénommées rampants. En effet, les dimensions fixées par la norme, notamment la pente des rampants doit mesurer de 1 à 1,4 m alors que la hauteur est fixée à 0,10 cm avec une longueur du plateau entre 2,50 m et 4 m. S’agissant des règles d’implantation, bien que ces ralentisseurs soient interdits sur les voies comportant un trafic dense supérieur à 3.000 véhicules et en particulier le trafic de poids lourds au niveau de la route nationale n°1 et 10, plusieurs ralentisseurs sont implantés, ce qui perturbe la fluidité du trafic. De surcroît, ces implantations sont également interdites sur les voies empruntées régulièrement par des lignes de transport public de personnes alors que les ralentisseurs compliquent aussi les déplacements des véhicules d’urgence, notamment les ambulances et les pompiers. Par ailleurs, ces obstacles provoquent aussi un excès de pollution de l’air puisqu’ils poussent les conducteurs à freiner brutalement, ce qui génère plus d’émission de CO2, puis à travers la ré-accélération et l’embouteillage dans certains axes routiers ou les ralentisseurs sont placés aux abords des ronds-points.