Lactalis détruit 46.000 boîtes au Maroc
Le nombre de boîtes de lait infantile Picot de Lactalis présentes sur le marché marocain est estimé à 46.000. Ces boîtes ne seront pas réacheminées vers les usines du producteur français. Elles seront plutôt incinérées conformément à la réglementation en vigueur au Maroc.
Outremer, l’affaire de Picot, la marque de lait infantile de Lactalis, se corse après le rappel de 12 millions de boîtes par le groupe français. Au Maroc, la procédure légale enclenchée le 11 décembre dernier suit son chemin inéluctable. Un peu plus d’un mois après la décision de la Commission nationale de pharmacovigilance (CNPV) consistant à retirer la gamme Picot du marché marocain, 46.000 boîtes – selon les estimations de Omar Bouâazza, directeur du médicament et de la pharmacie (DMP) au ministère de la Santé – ne seront pas renvoyées en France. Elles seront incinérées conformément à la réglementation en vigueur. «Tous les lots ont été retournés et mis sous scellé en attendant leur destruction conformément à la procédure légale. Cela se fera en présence de pharmaciens- inspecteurs assermentés», précise Bouâazza. Par ailleurs, pour connaître le nombre exact de boîtes Picot devant être incinérées, il faut patienter. «Le nombre avancé reste une estimation. Après la destruction des produits retirés du marché, nous aurons une idée plus exacte sur le nombre de boîtes incinérées», souligne-t-il. Selon la réglementation en vigueur, les produits présentant un risque sur la santé des citoyens doivent être détruits sur le sol du Maroc et non pas réacheminés vers l’étranger. «Nous ne pouvons pas permettre que ces produits qui présentent un risque de contamination puissent circuler et passer les frontières», poursuit le DMP.
Plus de peur que de mal
Les autorités sanitaires sont formelles, aucun cas de contamination à la salmonelle, la bactérie incriminée, n’a pas été heureusement enregistré au Maroc. Si tous les pharmaciens seront remboursés par le groupe, via son représentant local, la décision prise par les autorités revêt un caractère préventif et anticipatif. «Nous ne connaissons pas les causes de cette contamination. Nous avons opté donc pour cette solution afin d’éviter tout risque», nous explique Omar Bouâazza. En amont de cette décision, une série d’événements a poussé la CNPV à réagir «dans la célérité». Le 2 décembre 2017, Lactalis avait procédé à un rappel de ses lots de produits Picot commercialisés en France. Cette mesure qui n’a pas semblé suffisante aux autorités françaises n’était que le début d’un feuilleton où les médias ont exacerbé les choses. Dans le royaume, un communiqué de Picot Maroc a été envoyé le 6 décembre aux grossistes répartiteurs et affirme que «les formules infantiles Picot, distribuées au Maroc, ne sont pas concernées par l’alerte sanitaire en France».
Le 10 décembre, retrait du lait Picot
«en raison d’un risque de contamination par la bactérie salmonelle» en exigeant des mesures correctives avant la reprise de production. Six cent lots ont donc été interdits à cette date, un chiffre beaucoup plus important que les douze références rappelées dans un premier temps par Lactalis. Parmi ces lots, certaines références étaient destinées à l’export, notamment au Maroc. «Le 11 décembre 2017, la CNPV s’est réunie immédiatement après l’annonce de la décision du gouvernement français. Une décision a découlé de cette rencontre : le retrait de l’ensemble des produis Picot de Lactalis sur le marché marocain. Nous avons été très réactifs dans notre gestion de cette crise», déclare Bouâazza. Pour mémoire, toutes les parties concernées par ce genre d’affaires, à savoir le conseil de l’Ordre des pharmaciens, le conseil de l’Ordre des médecins, le Centre national de vigilance, le ministère de la Santé, les professionnels de la santé et les représentants des pédiatres ont contribué à la décision de la CNPV. «Dans tous les autres pays, la décision de retrait concerne les lots qui portent un risque de contamination à la salmonelle. Au Maroc, nous avons préféré retirer tous les produits Picot», s’évertue à préciser le DMP. Le 12 décembre, un communiqué du ministère de la Santé (voir encadré) destiné à informer les citoyens est venu clore cette affaire au Maroc, en attendant la destruction des 46.000 boîtes Picot. «Cela ne saurait tarder», conclut Omar Bouâazza.
Alerte du ministère
«Après la contamination par des salmonelles en France de 20 bébés âgés de moins de 6 mois suite à la consommation de laits infantiles fabriqués par le groupe français Lactalis, le ministère a décidé d’arrêter la commercialisation du lait de la marque Picot concerné par ce problème. Le ministère a ainsi demandé de retirer immédiatement ce lait du marché national et d’arrêter sa distribution. Par précaution, il a été décidé de procéder à un rappel de l’ensemble des produits jusqu’à ce qu’on s’assure de la non contamination de ce lait, sachant qu’aucun cas n’a été déclaré à ce jour dans le royaume», souligne le ministère dans son communiqué datant du 12 décembre. Destiné au public, ce communiqué a demandé aux citoyens ayant acquis des produits de la marque Picot à s’en défaire et de choisir une autre marque. Pour les parents l’ayant déjà utilisé, une consultation médicale s’impose pour pouvoir réagir à temps contre toute contamination par des salmonelles, provoquant des symptômes comme la diarrhée et la fièvre.