Maroc

Les négociations butent sur la hausse salariale

Le gouvernement et les partenaires sociaux et économiques vont-ils enfin trouver un terrain d’entente sur les points en suspens du dialogue social ? Rien n’est moins sûr. Les syndicats demeurent sceptiques et tiennent mordicus à la principale doléance de l’augmentation salariale. Une revendication éternelle qui risque de torpiller les négociations. 

Le gouvernement est très attendu sur le dialogue social en 2018. Réussira-t-il à calmer les ardeurs des syndicalistes qui brandissent la menace de battre le pavé et de recourir à toutes les formes de protestations si l’Exécutif persiste «dans sa politique de tergiversation» ? Du concret, c’est ce que réclament les syndicats les plus représentatifs qui viennent de rencontrer le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Yatim à l’exception de la Confédération démocratique du travail qui a opté pour le boycott de la reprise du dialogue social. Abdelkader Zair, secrétaire général adjoint de la CDT, est en colère et il le fait savoir. «Le gouvernement est appelé à répondre à nos doléances. On ne peut pas continuer à assister éternellement à des réunions de forme», précise-t-il aux Inspirations ÉCO. Alors que l’Exécutif insiste encore sur la méthodologie, la CDT plaide pour la tenue du dialogue social tripartite réunissant le gouvernement, les syndicats et le patronat. C’est d’ailleurs, à quoi tendent aussi les autres centrales syndicales. Même l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), bras syndical du PJD, critique vertement la situation actuelle. Le chef de file de l’UNTM n’a pas, en effet, hésité, mardi dernier lors de la séance plénière à la Chambre des conseillers, de décocher ses flèches sur le gouvernement l’appelant à prendre au sérieux le dialogue social afin d’arriver à des résultats tangibles.
Jusque-là, le rythme imposé par le gouvernement aux partenaires sociaux fait grincer des dents les syndicalistes. La réunion d’octobre est restée ouverte pendant plus de deux mois. Le silence du gouvernement pendant de longues semaines attise l’ire des syndicats qui affichent leur scepticisme quant à la véritable volonté de l’Exécutif de réussir le nouveau round du dialogue social d’autant plus que la Loi des finances 2018 n’a pas répondu aux attentes syndicalistes qui sont aujourd’hui plus que jamais sur des charbons ardents.

Le gouvernement est appelé à rassurer ses partenaires pour entamer les discussions de fond sur de bonnes bases. L’accélération du rythme s’impose pour pouvoir accorder les violons sur l’ordre du jour du dialogue social. Une mission qui ne s’avère pas de tout repos au vu de la nature des doléances des syndicats et du patronat. L’Exécutif propose de lister les points de divergences et ceux de convergence des points de vue ainsi que les priorités de chacun avant d’entamer les négociations tripartites qui devront déboucher sur un accord sous forme de convention collective ou de charte sociale dont la mise en œuvre s’étalera sur trois, voire quatre ans. Une vision qui ne déplaît pas visiblement aux partenaires sociaux. Mais, le démarrage effectif des tractations risque de buter sur la question de l’augmentation salariale. Pour la parlementaire et dirigeante à l’UGTM, Khadija Zoumi, c’est le point primordial du dialogue social. «Impossible de discuter d’autres dossiers sans négocier en premier lieu l’augmentation salariale», souligne-t-elle aux Inspirations ÉCO. Cette responsable syndicale propose d’adopter une échelle mobile des salaires pour compenser l’inflation qui grève le pouvoir d’achat des salariés.
Rappelons que lors du précédent mandat gouvernemental, le dialogue social n’avait pas abouti à cause de la revendication de l’augmentation salariale en dépit des différentes propositions gouvernementales. Le même scénario risque, cette fois-ci, de se reproduire surtout que le gouvernement brandit toujours la carte des équilibres macro-économiques. Tout porte à croire que le gouvernement ne va pas lâcher du lest sur ce dossier, comme le laissent entendre les propos de certains membres du gouvernement, dont le chef de l’Exécutif. Interpellé mardi par les conseillers sur la politique salariale, le chef de gouvernement Saâd Eddine El Othmani a tenu à souligner que toute politique efficace des salaires doit tendre à réaliser un équilibre permanent entre les besoins de la compétitivité et la répartition des richesses précisant que l’augmentation des salaires, à un rythme supérieur à celui de la production, engendre l’augmentation du coût de la main-d’œuvre et la hausse des prix et impacte la compétitivité de l’économie nationale ainsi que la création de l’emploi. El Othmani estime que le SMIG au Maroc est conforme aux standards internationaux et sa révision entre 2010 et 2015 a permis de réaliser d’importants acquis pour les salariés. Dans la fonction publique, le chef de gouvernement se félicite de l’augmentation salariale au cours des dernières années alors que les prix au cours de la dernière décennie n’ont pas connu une grande hausse. «Le niveau des salaires au Maroc est parmi les plus élevés dans la région, puisque le salaire net moyen des fonctionnaires représente 3,21 fois le PIB par habitant au Maroc contre 2,5 fois dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord», précise-t-il.
Quant aux dysfonctionnements que connaît le système des salaires, ils seront traités dans le cadre d’une révision globale du statut général de la fonction publique qui devra intégrer bon nombre de principes : une rémunération de l’emploi effectivement occupé, une prise en compte de la performance, du mérite et des enjeux de motivation individuels, le renforcement de l’équité et de la transparence ainsi que le rétablissement du sens et de la prééminence du salaire dans la rémunération des fonctionnaires civils. Cette réforme devra se faire en concertation avec les centrales syndicales qui ne vont sûrement pas faciliter la tâche au gouvernement. Par ailleurs, il s’avère difficile de réunir le consensus autour de plusieurs dossiers épineux figurant dans le cahier revendicatif des partenaires sociaux et économiques. Il s’agit notamment de la loi organique sur le droit de grève, dont l’examen est toujours en suspens au Parlement, le texte sur les syndicats, la réforme du Code de travail qui est érigée en tête des revendications du patronat alors qu’elle est décriée par les syndicats… 



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