Prérogatives des régions : El Othmani doit se prononcer bientôt
Lors d’une prochaine réunion avec l’Association des régions du Maroc, le Chef de l’Éxécutif devra mettre sur la table toutes les questions liées au transfert des compétences et des budgets.
Le transfert des prérogatives de l’administration centrale aux régions se pose aujourd’hui avec acuité, alors qu’une réunion est prévue dans les semaines qui viennent entre le chef de gouvernement et l’Association des régions du Maroc. Cette rencontre est très attendue surtout après le discours royal au Parlement, dans lequel le roi a remis sur la table la question du modèle économique du pays. Cette veillée d’armes, entre Saadeddine El Othmani et les présidents des 12 régions du royaume, devra débattre de toutes les problématiques liées aux transferts budgétaires et des prérogatives dans un moment crucial. Car la politique de développement dépend aujourd’hui, en grande partie, de la capacité des régions à nouer des partenariats et à investir intelligemment dans leur périmètre économique et social. Contacté par les ÉCO, Abdessamad Sekkal, président de la Région Rabat-Salé-Kénitra, parle plutôt d’un nouveau repositionnement des uns et des autres par rapport aux questions liées à l’emploi, la formation professionnelle ou encore l’investissement, pour ne citer que ceux-là.
L’idée est de définir et les relations avec les institutions concernées et la démarche à suivre pour mieux cibler son action. Et pour que les régions puissent jouer pleinement leur rôle en matière d’investissement, il faut également mieux définir les relations entre président de région, wali, directeur de CRI ainsi que les différents départements ministériels chargés de l’investissement. Pour défricher le terrain, Sekkal nous apprend qu’une feuille de route est en train d’être préparée avec le ministère de l’Intérieur pour améliorer les capacités des régions et pour définir et dépasser les entraves. Cette feuille de route se penchera aussi sur les questions de transfert effectif des compétences qu’elles soient partagées ou transférables. Deux réunions ont eu lieu entre les deux parties dans le cadre d’une commission technique mixte.
Cette dernière est en train d’arrêter une liste de toutes les questions qui doivent être traitées, allant des petits textes, arrêtés, mode de fonctionnement aux grandes questions stratégiques de déconcentration et de renforcement des prérogatives. L’on constate pourtant un paradoxe. Les régions sont souvent à la traîne par rapport à ce que prévoient les textes en matière de compétences propres, mais en avance en ce qui concerne les compétences transférables. À titre d’illustration, une convention vient d’être signée entre la région de Rabat et l’Académie régionale de l’éducation pour la construction de 17 écoles communautaires. Sachant bien évidemment que l’enseignement est un domaine transférable, et non propre aux régions. La région a pris donc l’initiative sans attendre un texte de loi qui acte le transfert de compétence ni celui des moyens financiers nécessaires.
Optimisation des ressources
La régionalisation est un chantier en construction, les choses s’accélèrent et les responsables de régions sont loin de vouloir dramatiser une situation qui reste perfectible. Tout le monde reconnaît que les moyens financiers dont disposent aujourd’hui les régions, malgré leur amélioration, sont très en deçà des attentes. Lorsqu’on leur pose la question, les présidents de régions parlent d’optimisation des ressources en attendant des jours meilleurs. Pour exemple, le budget de fonctionnement de la région de Rabat est de 95 MDH, tandis que 632 MDH seulement sont alloués à l’investissement. Certes, c’est loin d’être suffisant, mais une bonne allocation de ces ressources peut jouer en faveur de tout plaidoyer futur pour améliorer le transfert budgétaire.