Le CMC explore les pistes de l’émergence
Pour le CMC, une croissance annuelle moyenne de 6,5% serait indispensable pour atteindre l’émergence à l’horizon 2030. La dépendance du secteur agricole, les déséquilibres des finances publiques et du commerce extérieur ainsi que le poids du secteur informel demeurent les principaux obstacles à lever.
La thématique de la croissance en lien avec la notion de l’émergence de l’économie est d’une actualité brûlante au Maroc. Les études faites sur le sujet foisonnent, émanant d’institutions marocaines (HCP, Bank Al-Maghrib, ministère des Finances) et internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale). Le Centre marocain de conjoncture (CMC) a voulu apporter sa pierre à l’édifice en menant une réflexion sur les perspectives de croissance qui s’offrent à l’économie marocaine à l’horizon 2030. D’après les résultats d’un sondage effectué auprès des patrons d’entreprises, pas moins de 75% des interrogés estiment que le Maroc est une économie «en voie de développement» tandis que seulement 38% s’attendent à ce que le Maroc devienne une économie émergente d’ici dix à quinze ans. C’est à partir de ce constat que le choix a porté sur l’année 2030 comme horizon de projection pour l’étude du CMC. «La croissance marocaine souffre manifestement d’un essoufflement, et ce depuis le début de la décennie. Si le taux de croissance actuel est maintenu dans le temps, le revenu mensuel par habitant devrait passer de 2.600 DH à seulement 4.000 DH à l’horizon 2030», affirme M’Hammed Tahraoui, économiste au CMC.
En effet, les résultats des simulations effectuées montrent que l’économie nationale dispose d’un potentiel de croissance important. L’importance de l’écart à combler entre croissance potentielle et croissance effective laisse une grande marge de manœuvre à la politique économique, soutient le CMC. En retenant les hypothèses les plus faibles, la projection du CMC estime que la croissance potentielle pour les quinze prochaines années devrait varier dans une fourchette allant de 5,3 à 5,5%. Cette même croissance potentielle pourrait se hisser à 7,3% dans les hypothèses les plus favorables en termes d’accumulation du capital et de gains de productivité. À la lumière de ces simulations prospectives, constate le CMC, le Maroc dispose de réelles potentialités pour s’engager dans une dynamique d’émergence, la seule capable de lui assurer, à terme, la convergence vers des standards de revenus et de niveau de vie plus avancés. Les simulations du CMC mettent en évidence d’importantes marges d’amélioration.
La différenciation des scénarios considérés tient aux configurations retenues à l’horizon de la projection pour les principales variables agissant sur la demande, à savoir la demande extérieure, les prix de l’énergie et des matières premières, l’investissement public, la fiscalité, l’endettement public, le taux d’intérêt, les termes de l’échange, la parité monétaire, la dynamique des salaires, la productivité et la production active. La principale conclusion qui ressort du modèle de croissance établi par le CMC est que l’économie nationale peut réaliser, dans l’hypothèse du scénario d’émergence, une croissance de l’ordre de 6,5% sur le long terme. Cette perspective, poursuit le CMC, permettrait en l’absence de toute perturbation de réduire de façon significative le chômage et ramener son taux à une moyenne de 7,5% sur le long terme. Elle permettrait également de ramener le ratio du solde budgétaire au PIB à des niveaux plus soutenables. En définitive, les efforts déployés actuellement par les pouvoirs publics doivent être poursuivis pour établir les conditions nécessaires à une croissance forte et durable. «Des progrès sensibles sont encore attendus pour mieux structurer, moderniser et rendre l’économie nationale plus compétitive, à même de relever les défis de l’avenir», conclut le CMC.