Maroc

«Les proxy advisors sont peu nombreux dans le monde».

Pierre Henri Leroy, Président de Proxinvest

Lors de la conférence de l’IMA présentant l’étude relative au rôle des investisseurs institutionnels dans la gouvernance des sociétés dans lesquels ils détiennent des participations minoritaires, le rôle du proxy advisor ou conseiller au vote a été invoqué. Ce métier méconnu par le grand public est très réputé à l’international.   Pierre-Henry Leroy, président de Proxinvest, un des pionniers parmi les proxy advisors, qui était l’invité d’honneur de l’IMA explique les enjeux de ce métier.

Les Inspirations ÉCO : En quoi consiste le métier de proxy advisor ?
Pierre Henri Leroy : Le métier de proxy advisor est un métier spécialisé d’analyse financière et juridique des résolutions qui sont présentées aux actionnaires pour les faire voter à chaque assemblée générale. Nous travaillons essentiellement sur les sociétés cotées, mais il nous arrive de traiter des sociétés non-cotées. Ce n’est pas le même contexte puisque généralement au niveau des sociétés non-cotées, nous aurons à traiter d’autres éléments que les seules assemblées générales. Là, nous ne traitons strictement la société que du point de vue des décisions qu’elle soumet à ses actionnaires. Nous recevons l’ordre du jour à peu près 40 à 60 jours avant l’assemblée et nous passons cet ordre du jour au grill d’une politique du vote avec des critères très précis qui sont publiés.  

Assurez-vous un suivi post assemblée ?
Après la tenue de l’assemblée et les votes, nous rediscutons avec les investisseurs sur la politique de vote et nous réunissions les investisseurs chaque année en séminaire au mois d’octobre et ce séminaire est ouvert à tous les institutionnels et gérants français et étrangers. C’est l’occasion pour les gérants de discuter de ce qu’il faut penser du droit de vote double, ce qu’il faut penser de l’administrateur indépendant, et de tout autre sujet de gouvernance. Il y a plein de sujets de gouvernance qui évoluent en fonction des événements du marché.

Combien y a-t-il de proxy advisors dans le monde ?
Dans le monde, il doit y avoir une dizaine, voire une quinzaine de proxy advisors. Le plus grand et le premier, historiquement, est ISS (pour Institutional Shareholder Services, il opère sur le marché depuis 3 décennies, ndlr). Il couvre le monde entier, mais il est assez critiqué pour des conflits d’intérêts. Il accepte en effet des missions d’organisation de gouvernance en société (alors qu’un proxy advisor est au service des investisseurs institutionnels, ndlr). Chez Proxinvest dès le départ, nous nous sommes fixé, comme consigne, de ne jamais travailler en service de conseil pour un émetteur. Parce que nous ne pourrons pas servir deux maîtres. Nous travaillons pour les institutionnels, autrement dit, pour les actionnaires et donc ça ne nous empêche pas de répondre gracieusement à une société qui nous interroge mais pas question d’intervenir comme conseil.

Qu’est-ce qui favoriserait l’évolution de ce métier dans un pays comme le Maroc ?
Dans les pays qui comptent une Bourse jeune ou relativement peu développée, la presse a joué curieusement un rôle important sur ces sujets-là. Les proxy advisors sont de «fouille-merde» si vous me permettez l’expression, on m’a d’ailleurs surnommé le poil à gratter du CAC40. Je pense à ce surnom positivement. En fait, notre métier consiste à dénicher ce qui ne va pas très bien dans les sociétés. De surcroît, nous révélons nos trouvailles au grand public. D’ailleurs, l’un des grands problèmes qu’aura un proxy advisor, c’est qu’il aura du mal à se recaser dans un conseil d’administration de banque après avoir dit qu’Ernest-Antoine Seillière (baron, membre de la société financière Wendel et ancien patron du Medef, poursuivi pour fraude fiscale, ndlr) volait dans la caisse, par exemple.



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