Ismail Douiri: «Barclay’s Egypt est un actif très rentable»
Le directeur général d’Attijariwafa bank vient d’accorder une de ses interviews annuelles au célèbre magazine économique américain Forbes. L’occasion de revenir sur l’acquisition de la banque égyptienne et les compétences à apporter par le groupe bancaire marocain.
Dans une interview très récemment accordée au prestigieux magazine économique américain Forbes, Ismail Douiri, directeur général d’Attijariwafa bank s’exprime sur le dossier «Barclay’s Égypte». Le sujet a fait couler beaucoup d’encre tant au niveau national qu’à l’international. Attijariwafa bank convoitait cette acquisition depuis au moins cinq ans. Du coup, les rumeurs les plus folles ont circulé à ce sujet… surtout après la signature de l’accord entre les deux groupes bancaires en 2016. Si l’impact de l’effondrement de la Livre égyptienne a affecté les contours du deal (la transaction selon le marché s’élèverait à 400 millions de dollars), pour Ismail Douiri, Barclay’s Egypt représente un actif intéressant avec un potentiel de développement important. En effet, si les opérations égyptiennes pèsent seulement 3% du bilan de la banque, leurs revenus seraient, quant à eux, beaucoup plus conséquents. «C’est un petit actif dans notre portefeuille, mais il est très rentable. Il représente 10-12% de notre bénéfice net consolidé et devrait être un peu plus volatil», explique Douiri.
Cette transaction permettra ainsi au groupe marocain de poser un pied dans l’un des plus grands marchés du continent (14e). Si Attijarriwafa bank a pu décrocher ce marché, ce serait en partie, selon le DG, parce qu’il y avait «moins de concurrence, en particulier des banques du Golfe qui peuvent avoir des perceptions différentes sur les risques et par conséquent, une approche différente des évaluations». Douiri insiste: «nous voulions vraiment cet atout car il est parfaitement adapté à notre stratégie». D’un autre côté, la Banque souhaite apporter une valeur ajoutée au marché égyptien. Douiri estime que la Banque s’appuiera sur son expérience pour combler les lacunes dans le secteur financier égyptien. «Nous avons des compétences spécifiques dans les domaines importants pour l’Égypte – c’était la condition principale de la Banque centrale du pays pour intégrer le marché égyptien -. Cela concerne les banques PME et la banque de détail en général, mais aussi les services bancaires à faible revenu et les services bancaires aux immigrants», explique-t-il au magazine. En effet, la Banque centrale égyptienne exige que les banques dédient 20% de leurs prêts aux PME. Un fait qu’Attijariwafa bank «tentera de transformer en un avantage concurrentiel au lieu d’être simplement piloté par cette cible de volume», souligne Douiri. Il faut dire que, selon William C. Fellows, directeur général chez LixCap Advisory and Capital, les grandes banques européennes – contrairement à Attijariwafa bank – sont souvent mal à l’aise pour financer les entreprises dans la «zone grise» financière ou une économie semi-formelle où les PME en Égypte et le Maghreb ont tendance à évoluer.
Dans ce sens, Douiri a exposé au magazine un programme qui aurait fait ses preuves au Maroc et qui a été conçu pour offrir de petits emprunts de l’ordre de 10.000 euros à de très petites entreprises. Pour le DG, au lieu de condamner ces entrepreneurs à rester à la marge de la banque formelle, Attijariwafa bank s’appuie sur une analyse financière non traditionnelle, basée sur les données qualitatives et l’historique des paiements afin d’évaluer l’admissibilité aux prêts. Une expérience qu’Attijariwafa bank espère reproduire en Égypte où l’économie informelle représente 37 à 68% du PIB du pays, selon la Banque africaine de développement.