Marchés de l’Afrique de l’Est et australe : «La logistique, un frein majeur»

Hassan Sentissi, Président de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX)
Après avoir pris part en début avril dernier à la mission B to B multisectorielle «African Business Connect», organisée en Afrique de l’Est et australe par Maroc Export et BMCE Bank of Africa, l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) estime que ces marchés sont à portée du Maroc, mais à condition que l’équation logistique soit solutionnée. Pour son président Hassan Sentissi, c’est un préalable pour le positionnement du Maroc sur cette partie de l’Afrique.
Les Inspirations ÉCO : Après la mission B to B « African Business Connect » en Afrique de l’Est et austral, comment voyez-vous ces marchés ?
Hassan Sentissi : Je peux dire que ce fut une mission réussie, dans la mesure où les opérateurs marocains ont pu découvrir trois pays que nous ne connaissions qu’à travers des chiffres erronés. L’amabilité et l’envie de vouloir réaliser des projets concrets entre les opérateurs de ces pays et leurs homologues marocains étaient visibles durant nos passages au Rwanda, en Tanzanie et Madagascar. Nous espérons être à la hauteur des orientations royales et la politique de rapprochement avec les pays africains.
Ce sont des marchés où d’autres acteurs sont présents en force …
Pour nous opérateurs marocains, l’Afrique de l’Est était méconnue, sauf de la part de quelques uns d’entre nous. La mission nous a permis de comprendre que nous devions doubler d’efforts et prendre notre part dans ces pays. Il est vrai que d’autres nations et économies nous y devancés, mais je pense qu’avec le dynamisme des ambassades marocaines sur place, nous arriverons à les dépasser et à y prendre place.
Quels produits où les secteurs marocains ont plus de chance de percer dans ces pays ?
Nous avons constaté qu’il y a, dans ces trois pays, un manque considérable de certains éléments essentiels au développement économique. Je pense tout d’abord à l’énergie, mais aussi à certains produits alimentaires de grande consommation. J’ai d’ailleurs constaté que de nombreux opérateurs de ces pays essaient d’avoir des informations sur certains produits halieutiques marocains, notamment les sardines. Dans un autre domaine, je vois que le secteur du textile offre également des débouchés, du fait que ces pays sont très éloignés de l’Europe.
L’obstacle logistique se pose toujours. Quelle solution préconisez-vous pour la dépasser ?
L’aspect logistique constitue en effet un grand problème. Mais je crois que la question est déjà posée à un très haut niveau auprès des gouvernements. Comme vous le savez, notre flotte maritime a disparu complètement. Depuis quelques temps, l’Association marocaine des exportateurs ne cesse d’attirer l’attention des gouvernements pour résoudre ce problème. Car si ce problème n’est pas réglé, rien ne sert d’organiser des missions d’affaires dans ces régions lointaines d’Afrique. L’option de recours à des compagnies maritimes étrangères fait perdre énormément de devises au Maroc, ce n’est donc pas une solution durable. Mais je reste convaincu qu’une réponse sera prochainement apportée à ce problème de logistique. Et ma conviction est que la solution finale ne viendra que de nous exportateurs marocains. Il faudra donner du temps au temps pour trouver la bonne solution.