Les porteuses marocaines s’invitent au Parlement espagnol
Le groupe parlementaire socialiste a déposé un texte parlementaire appelant le gouvernement à œuvrer pour garantir les droits sociaux des porteuses marocaines s’affairant aux frontières de Sebta et Mélilia.
C’est une victoire symbolique pour les porteuses marocaines. Le groupe parlementaire des élus du parti socialiste espagnol (PSOE) vient de présenter une proposition visant à défendre et garantir les droits des travailleuses marocaines s’affairant entre les frontières de Sebta et Mélilia.
Dans ce texte, les socialistes soulèvent que ces femmes sont exposées à des humiliations, harcèlements sexuelles, violences, des abus et à des décisions policières arbitraires comme la saisie injustifiée de la marchandise», énumère le texte socialiste. À travers cette initiative, ce groupe parlementaire veut braquer les projecteurs sur les conditions de travail indignes de ces femmes et inciter le gouvernement central à réagir face à cette exploitation. Le gouvernement de Mariano Rajoy est appelé à initier des «réformes structurales et architecturales au niveau des deux principaux passages frontaliers Tarajal I et II (Bab Sebta du côté marocain) insistent les auteurs de ce texte.
Ces améliorations devraient garantir les droits de ces travailleurs et réduire les risques auxquelles sont exposées les porteuses marocaines. «Tout démontre que les porteuses ont seulement des fardeaux sur le dos et non des droits», regrette le texte qui sera débattu au sein de la Commission de l’égalité de la chambre basse espagnole. Les députés socialistes ont rappelé que cette activité, à savoir le commerce non régularisé et exercé par ces femmes, est le «moteur de l’économie des deux frontières et représente un tiers de l’économie de Sebta et Mélilia». Paradoxalement à cette richesse dont elles sont le cœur battant, les conditions de travail de ces femmes démontrent une exploitation et portent atteinte à leurs droits les plus basiques étant donné qu’elles ne jouissent d’aucun droit social comme l’accès aux sois médicaux ou les prestations sociales. De même, les rédacteurs de cette initiative se lamentent des carences au niveau des services les plus basiques tels que la disponibilité de l’eau courante, la présence de zones ombragées ou de sanitaires.
Pour cela, le PSOE a appelé le gouvernement à «agir au-delà des intérêts économiques et politiques» et qu’il fournisse des réponses aux graves accusations de violation des droits humains et de la dignité des personnes aux frontières. Outre l’appel à la mise en place de mesures permettant de garantir la sécurité des porteuses, pour en finir avec les avalanches et éviter des pertes humaines au sein de ce collectif, le texte exhorte Madrid à un renforcement du personnel affecté aux frontières et de leur fournir les moyens adéquats pour qu’ils s’acquittent de leur mission dans de bonnes conditions.
De son côté, le délégué du gouvernement central à Sebta, Fernandez Cucurull, vient de déclarer qu’un accord entre Rabat et Madrid pourrait être conclu pour mettre fin au dense trafic aux frontières. Le responsable sebti qui vient de s’entretenir avec le gouvernement central à ce sujet, a estimé que ce «commerce n’est pas gérable sauf si les deux gouvernements d’Espagne et du Maroc se mettent d’accord pour atteindre un point d’équilibre permettant de redimensionner ce commerce». Sur un ton moqueur, le délégué du gouvernement du préside a souligné que «Sebta ne peut accueillir toute la province de Tétouan», ajoutant que seul un pacte pourra permettre la continuité de ce commerce qui alimente «une économie de survie» au Maroc et la continuité des entreprises liées à ce secteur.