Irrigation localisée : Chtouka Ait Baha donne l’exemple
Les superficies équipées en irrigation localisée sont passées de 160.000 ha à près de 500.000 ha, tandis que l’unité de dessalement de l’eau de mer dans la province de Chtouka-Aït Baha projette de répondre à un besoin annuel de 58 millions de m³/an d´eau dessalée.
Il est toujours utile de le rappeler: le Maroc fait déjà face à la raréfaction de ses ressources hydriques. Toutefois, la problématique du déficit hydrique, liée essentiellement à la sécurité alimentaire, n’est pas une fatalité en soi. Bien au contraire, elle constitue une opportunité de développement agricole grâce aux différentes techniques d’économie d’eau.
Partant de ce constat, le Maroc a lancé le Programme national d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) qui s’inscrit dans la composante transverse du Plan Maroc vert, assorti de l’objectif de reconvertir 550.000 hectares d’exploitations agricoles à l’irrigation localisée à l’horizon 2020. Aujourd’hui, plus de 9 années ans ont passé après le lancement dudit plan: les superficies équipées en irrigation localisée ont plus que triplé, grâce à l’équipement qui est financé à 100% par subvention pour les exploitations de moins de 5 hectares, et 80% pour celles qui dépassent les 5 ha. Dans le détail, les superficies sont passées de 160.000 ha à plus de 500.000 ha actuellement, dont 90.000 ha dans la région Souss-Massa. Par conséquent, ces chiffres font de cette région, qui couvre 228.500 ha de superficie agricole utile (SAU), le premier périmètre en équipement d’économie d’eau au niveau national.
De même, la modernisation intégrale des réseaux collectifs d’irrigation à l’échelle nationale est achevée pour plus de 65.000 ha; une superficie additionnelle de 55.000 ha est en chantier de modernisation et une autre, de 80.000 ha, en pleine extension de l’irrigation.
Parallèlement, la politique de construction des barrages a permis de doter le royaume de 139 infrastructures hydrauliques totalisant une capacité de près de 17,6 milliards de m³ avec des milliers de forages et de puits captant les eaux souterraines. Mais face à la montée en puissance de l’agriculture intensive avec la hausse du rendement par hectare, d’autres alternatives sont en cours de développement, notamment le dessalement de l’eau de mer à des fins agricoles. Le premier projet du genre sera réalisé dans la province de Chtouka-Aït Baha, vers la limite Sud du Parc national Souss-Massa, par le consortium composé de l’Espagnol Abengoa Water et le fonds d’investissement InfraMaroc, filiale du groupe marocain Caisse de dépôt et de gestion (CDG).
En plus de l’eau pour l’irrigation agricole, cette unité produira aussi de l’eau potable pour couvrir les besoins de la population du Grand Agadir après la fusion des deux projets en une seule unité. Cette dernière mobilisera la technologie de l´osmose inverse afin de répondre à un besoin annuel de 58 millions de m³/an d´eau dessalée (déficit hydrique annuel) à raison de 167.000 m³/j. En termes d´avancement de la mise en œuvre du projet, les étapes d’études technique, de faisabilité, de structuration et d’acceptabilité de l’étude d’impact sont déjà achevées. Le lancement de la réalisation physique est prévu au cours de cette année, et l´achèvement des travaux pour fin 2019. Du côté de la profession, celle-cis’est déjà engagée à souscrire un contrat auprès de l’opérateur du réseau de distribution d’eau dessalée pour un volume oscillant entre 3.600 et 4.000 m³/ha/an.
Dans le détail, la capacité finale de l’unité de dessalement a été fixée à 167.000 m³/jour. Un Plan national de réutilisation des eaux usées émanant de la ministre déléguée chargée de l’Eau est également dans le pipe. Actuellement, le potentiel actuel d’eaux usées épurées par an est de près de 550 millions de m³ par an, dont 45% épurées. Mais seulement 20% du volume des eaux épurées par an, soit 47,5 millions, sont réutilisées via 24 projets réalisés. Le potentiel des eaux usées brutes à l’horizon 2030 est estimé à 740 millions de m³, avec un taux d’épuration de 90%.