Accidents de travail : Le BTP, le secteur le plus touché
Le BTP est le secteur le plus touché par les accidents de travail et enregistre la mortalité la plus élevée, en comparaison avec les autres secteurs, selon le ministère de l’Emploi. Pouvoirs publics et partenaires sociaux et économiques s’engagent, à travers une charte, à garantir la sécurité des travailleurs. La lutte contre l’informel et le renforcement de l’arsenal législatif et du contrôle s’avèrent une nécessité.
Une campagne nationale de sensibilisation sur la culture de prévention et la maîtrise des risques professionnels, dans le secteur du Bâtiment et des travaux publics, vient d’être lancée hier à Rabat. Le choix du BTP n’est pas fortuit. Il s’agit d’un secteur à hauts risques. D’après le ministère de l’Emploi, le BTP arrive en tête des secteurs touchés par les accidents de travail. Mais, aucun chiffre officiel n’est annoncé. En effet, les statistiques précises, sur les accidents de travail au niveau national et par secteur, manquent, comme le regrette le ministre de l’Emploi et des affaires sociales, Abdeslam Seddiki. Son département compte mettre en place un système informatique pour répertorier les accidents de travail et les maladies professionnelles. Sur le plan mondial, l’Organisation internationale du travail (OIT)indique qu’un accident mortel, sur six signalés, survient dans le secteur de la construction. Ce secteur enregistre un fort taux de sinistrabilité en raison «de la nature intrinsèquement dangereuse du travail, les emplacements multiples des chantiers,l’évolution des environnements de travail et les taux élevés de rotation du personne». Une grande responsabilité incombe aussi bien aux pouvoirs publics qu’aux professionnels et représentants des travailleurs pour diminuer le nombre élevé des accidents de travail.
Non-respect des règles de sécurité
Du côté du gouvernement, le ministre de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire, Driss Merroun, jette un pavé dans la mare, en pointant du doigt le non-respect des règles de sécurité, même dans les chantiers qui sont en cours dans la capitale. Il estime que l’administration est appelée à donner l’exemple en la matière. Le responsable gouvernemental insiste sur l’importance du contrôle et du suivi des chantiers pour garantir la sécurité aussi bien des travailleurs que des citoyens. «Il est anormal qu’un architecte signe 3.000 plans par an. Certains architectes habitent même en France et louent leurs cachets à autrui. Donc, le contrôle n’est pas assuré. Il faut lier la responsabilité à la reddition des comptes», répond-il à la polémique soulevée par la désormais fameuse loi 66-12, relative au contrôle et à la répression des infractions en matière de construction. Le renforcement de l’arsenal législatif s’avère une nécessité pour garantir la sécurité. Certains textes déjà élaborés peuvent résoudre plusieurs problématiques.
Le projet du Code de la construction au SGG
Le ministre de l’Habitat, Nabil Benabdallah, cite notamment le projet du Code de la construction qui est déposé au SGG et qui a tardé à emprunter le circuit législatif, en raison du retard pris dans la formation du gouvernement. Ce texte, qui a fait l’objet de concertations avec les parties concernées, régit tous les aspects relatifs à la construction et les relations entre les intervenants dont les ingénieurs et les entreprises. Ce projet de loi comporte plusieurs points ayant trait à la sécurité : la nécessité d’élaborer un bilan périodique des risques qui entourent le chantier et de respecter toutes les règles de sécurité, l’activation de tous les principes généraux de prévention garantissant la sécurité de tous les travailleurs, la nomination d’un coordinateur de la sécurité dans les chantiers de plus de 50 travailleurs, l’obligation d’assurer les travailleurs… Par ailleurs, il y a lieu de mettre en œuvre des mesures pour réduire le poids de l’informel. Le ministère de l’Habitat a fait une classification de quelque 2.022 entreprises œuvrant dans le secteur de la construction au cours des cinq dernières années. Cette classification permet aux entreprises de participer aux marchés publics.
Une charte sur la prévention des risques professionnels
Une charte d’engagement, sur la prévention des risques professionnels dans le secteur du BTP, vient d’être signée entre les acteurs concernés. Il s’agit du ministère de l’Emploi, des syndicats, de la CGEM, de la Fédération nationale du BTP, du Conseil de l’Ordre des architectes, du Collège national des médecins du travail, du Groupement interprofessionnel d’aide au conseil-BTP, de la Fédération marocaine du conseil de l’ingénierie, de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers et de la Fédération des industries des matériaux de construction. Cette charte vise à respecter les conditions de sécurité, d’hygiène et d’organisation rationnelle des chantiers, conformément à la réglementation relative à la santé et à la sécurité dans le BTP, à améliorer et moderniser la gestion de la structure de l’entreprise intégrant un système de management relatif à la santé et à la sécurité au travail ainsi qu’à développer les capacités propres aux professionnels du secteur du BTP dans le but de promouvoir la santé et la sécurité au travail. Chaque partie à des engagements précis pour atteindre les objectifs escomptés. Tous les acteurs s’engagent à s’impliquer dans l’action de sensibilisation. D’ailleurs, outre la campagne nationale, des journées régionales seront tenues dans les prochains jours à Casablanca, Laâyoune, Fès, Marrakech, Tanger et Oujda.
Le secteur du BTP en chiffres
Création de 520.00
Nouveaux emplois en 2016, soit une augmentation de 5,3% du volume de l’emploi dans le secteur.
53.000
Entreprises
80%
des marchés publics de l’État marocain sont dédiés au secteur du BTP.