Quid de l’écosystème des startups ?
Le climat des affaires semble favorable pour les startups marocaines. Du moins, c’est ce qui ressort du sondage de notre partenaire FLM.
77% des 575 internautes qui ont répondu à la question hebdomadaire de FL Markets ont jugé que l’écosystème des startups au Maroc est négatif. À l’opposé, 23% des sondés online ont jugé cet écosystème positif. Cette question du sondage est liée au fait qu’au Maroc, peu de licornes ont émergé en dehors de la monétique voire de l’offshoring. En effet, probablement que le Maroc manque d’un écosystème efficient.
En général, le succès des startups dépend de l’efficience de son écosystème qu’on peut résumer en trois axes : l’environnement administratif, le financement et les synergies endogènes. Or, pour le premier volet, au Maroc, une startup est une entreprise comme une autre au niveau juridique. Selon les cas, c’est avant tout une SARL, une entreprise personnelle ou une TPE. Ainsi, en l’absence de passe-droits, c’est le Doing Business 2017 qui nous renseigne sur l’environnement des affaires des startups. Sur ce point, le Maroc pointe à la 68e place sur 190 pays. De plus, le Maroc obtient la meilleure place au niveau de l’obtention du permis de construire (18e place en stabilité) alors qu’il a une mauvaise place dans le règlement de l’insolvabilité (131e place en recul d’un rang). Sur les autres points, le Maroc est classé 40e pour la création d’entreprises (=), 41e pour le paiement des taxes et des impôts (-4 ou recul de 4 rangs), 57e pour l’exécution des contrats (+1), 57e pour le raccordement à l’électricité (-2), 63e pour le commerce transfrontalier (+5), 87e dans le transfert de propriété (+5), 87e dans la protection des investisseurs minoritaires (+ 31) et 101e dans l’obtention des prêts (+8).
Ces trois derniers points sont importants pour les startups car ces dernières ne se financent pas correctement au niveau des banques et ont du mal à séduire le Private Equity vu la difficulté de protection des investisseurs minoritaires. Ainsi, le financement insuffisant des startups est tangible au Maroc car en plus des autres contraintes, le PrivateEquity finance plutôt les PME quand l’offre de Business Angels est insuffisante. Aussi, il va sans dire que pour les agences bancaires, la startup est avant tout une TPE ou une SARL, la demande de découvert étant presque un gros mot.
Par ailleurs, au niveau des synergies, il faut rappeler qu’une startup a besoin d’un environnement global favorisant l’éclosion. Ceci va de la facilité à trouver des locaux à l’accès à un bassin de R&D en passant par des talents prêts à s’engager dans l’entrepreneuriat, le préférant au confort du salariat. Il en est de même pour l’échange de best practices ou d’association entre startups et grandes entreprises du même secteur. C’est ainsi que sur ce créneau, seule l’initiative du Technopark a tenté d’offrir une ébauche d’écosystème aux startups, notamment au niveau du volet des locaux.
Pour ceux qui sont positifs sur la situation actuelle, ils pensent probablement au Fonds Innov Invest qui pourra professionnaliser le financement des startups. En effet, ce fonds géré par la CCG aura une taille cible de 500 MDH provenant d’un prêt de 50 M$ de la Banque mondiale. Il vise à financer environ 100 entreprises pour la composante Equity et environ 300 porteurs de projets pour les composantes «Avances/dettes» et «Assistance technique». La composante Equity sera gérée via l’investissement dans des fonds spécialisés existants ou à créer. Pour l’intervention directe, celle-ci sera consacrée aux prêts d’honneurs pouvant atteindre jusqu’à 500.000 DH, notamment pour les startups accompagnées par des structures labellisés. Pour les sociétés en phase de croissance, des prêts participatifs allant jusqu’à 3 MDH sont normalement prévus.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Que faire pour améliorer l’écosystème des startups ?
Farid Mezouar : Au niveau administratif, comme il existe une catégorisation des bons contribuables, le Fisc et la CNSS peuvent en faire de même pour les startups. Ceci peut notamment passer par l’identification des secteurs où le terme de startups est approprié et justifie une flexibilité. Quant aux banques, il peut être utile de créer des hotlines pour gérer les demandes spécifiques des startups qui ont parfois des demandes sophistiquées, notamment au niveau des relations avec l’international ou dans le domaine du paiement.
Qu’en est-il de leur financement ?
Il faut offrir des incitations fiscales aux personnes physiques ou morales investissant dans des startups. Aussi, il est urgent de clarifier le cadre légal du crowdfunding. De même, Innov Invest paraît comme étant une démarche allant dans le bon sens, à condition de suivre les dossiers rejetés pour pouvoir faire l’autocritique de l’expérience. Enfin, les pouvoirs publics peuvent favoriser des kermesses annuelles où les porteurs de projets peuvent exposer leurs sociétés aux investisseurs potentiels.