L’Afrique emprunte la voie de la transition verte
Le continent africain compte sur la mobilisation des financements climatiques pour combattre les conséquences néfastes des changements climatiques. L’atteinte des objectifs fixés passe par la mise en œuvre des projets dans des domaines prioritaires tels que l’énergie et l’agriculture.
À Paris, les pays africains se sont mobilisés pour faire entendre leur voix. Globalement, ils ont fini par avoir gain de cause. L’Accord de Paris est, en effet, considéré comme essentiel pour l’Afrique qui devrait pouvoir bénéficier de ressources financières et de technologies pouvant l’aider à atténuer l’impact des changements climatiques, à travers notamment le développement des sources d’énergie renouvelable et la mise en place de projets de développement durable. Le continent noir est appelé à exploiter les opportunités existantes aussi bien en matière d’adaptation que d’atténuation afin d’atteindre le développement durable escompté. L’attention devra se focaliser davantage sur l’adaptation pour les pays africains qui sont largement tributaires de l’agriculture, selon plusieurs experts.
L’Accord de Paris, rappelons-le, appelle tous les pays à identifier leurs besoins d’adaptation et soumettre des plans ainsi que leurs priorités en vue de bénéficier du soutien des pays développés. Les pays africains se sont engagés à soumettre, tous les cinq ans, des plans actualisés qui détailleront les activités et les efforts menés pour atteindre les objectifs de l’accord. Les besoins du continent noir en matière d’adaptation sont très grands. Ils sont estimés entre 7 et 15 milliards de dollars par an d’ici à 2020 et pourraient même passer à 50 milliards de dollars d’ici 2050. À côté des financements, figurent le renforcement des capacités et le transfert des technologies en matière de lutte contre les changements climatiques. Les pays africains devront négocier avec leurs partenaires lors de la COP22 les modalités de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Les projets pourront porter sur plusieurs domaines dont celui de l’énergie. La question énergétique est mise au-devant de la scène à maintes reprises par les responsables africains en raison de la faiblesse de production de l’énergie dans le continent. L’Afrique produit douze fois moins de kilowattheures par habitant que la France. Plus de 700 millions d’Africains n’ont toujours pas d’électricité. Pourtant, le potentiel ne manque pas. L’Afrique a les atouts pour développer les énergies renouvelables, notamment solaires. L’idée est de faire avancer les projets d’accès aux énergies renouvelables et accélérer le déploiement de l’initiative sur les énergies renouvelables en Afrique ayant pour objectif l’augmentation de la capacité installée du continent en énergies renouvelables de 10 GW, d’ici 2020 et de 300 GW, d’ici 2030. Cette initiative a été lancée officiellement par les chefs d’État africains à la COP21.
S’agissant de l’agriculture, qui est l’un des secteurs les plus vulnérables aux changements climatiques en Afrique, en raison de sa dépendance de la pluviométrie, des projets pourront porter sur le renforcement de la capacité de la population afin de développer ce secteur en incitant les acteurs à s’engager dans une transition vers une agriculture productive, hautement résiliente, fondée sur une gestion adaptée des terres et des sols et porteuse de développement durable. Par ailleurs, il s’avère aussi important de faire avancer le projet de Grande muraille verte pour freiner la désertification et permettre aux populations locales d’enrichir le sol, conserver l’eau et mieux vivre tout en reconstituant un puits de carbone. L’Initiative africaine de la Grande muraille verte (IAGMV), de Dakar à Djibouti, décidée en 2005 par les chefs d’État et de gouvernement des États au Sud du Sahara et endossée en 2007 par l’Union africaine, constitue la solution et le modèle efficients de ces États, face à l’enjeu environnemental et climatique.