«Les entreprises font souvent l’amalgame entre la communication et le marketing»

Les Inspirations ÉCO :  Vous accompagnez les TPE dans leurs stratégies marketing. En quoi consiste cette approche ?
Salwa El Hachimi : Mon ambition est d’accompagner les TPE dans le lancement de leurs projets ou de les accompagner un peu plus tard dans le lancement d’autres produits. Cette démarche découle d’un constat: Les TPE sont généralement lancés à partir d’une idée émanant d’une personne qui a un savoir-faire. Le problème, c’est qu’il ne s’agit généralement pas d’avoir juste une bonne idée ou de maîtriser un savoir-faire quelconque pour en faire un business en bonne et due forme et qui sera viable. Il y a toute la démarche qui consiste à le considérer comme un projet, d’étudier le marché, la concurrence, d’étudier également le pricing qu’il faut conduire. De nombreuses TPE sont lancées et malheureusement ne tiennent pas très longtemps sur le marché. Ceci est essentiellement lié au fait que cette démarche n’est pas respectée. Je suis marketeuse de formation, j’ai eu à gérer des gammes de produits de marques internationales. J’ai voulu faire bénéficier de cette expérience des entreprises qui n’ont pas toujours les moyens de se permettre cette expertise. Aujourd’hui, ce type de services n’existe pas vraiment. Ce que nous avons actuellement, c’est surtout des agences de communication qui accompagnent sur un certain nombre de volets communicationnels, mais avant de parler communication, il faut avoir un produit avec l’étude de marché préalablement ficelée. Il y a malheureusement de très belles idées qui au final finissent par ne pas aboutir faute de savoir-faire en termes de business. C’est dans ce sens que j’ai décidé de me spécialiser dans la TPE.

Cette catégorie d’entreprises est-elle aujourd’hui consciente de ce besoin en accompagnement ?
Il y a du répondant. Toutes les TPE ne sont pas inscrites dans cette démarche. J’ai même eu des PME dans ce cas. Le problème est l’amalgame fait entre le marketing et la communication justement. Lorsque nous parlons marketing, on a le réflexe de penser automatiquement publicité. Or, le marketing regroupe un certain nombre de volets. Il y a quand même une sorte d’éducation du marché à faire pour justement pouvoir avoir du répondant. Parfois, on a besoin d’aller chercher des financements, de porter sa marque, de la promouvoir et des compétences dans ces domaines sont nécessaires aux entrepreneurs. J’interviens justement sur ces volets pour aider le chef d’entreprise.

Vous parlez d’amalgame entre la communication et le marketing. Quelle est justement la frontière entre ces disciplines ?
La communication est une partie du marketing. Le marketing est une discipline très large. Il faut faire en sorte d’avoir un produit qui répond à une demande précise sur un marché segmenté. Aujourd’hui, plusieurs multinationales doivent leur succès à des stratégies marketing ingénieusement ficelées. Il faut savoir développer son message, adopter le bon ton pour bien «marketer» son produit. Toutes les idées sont à la base bonnes mais si elles sont mal pensées, mal packagées, mal «pricées», mal distribuées, elles sont vouées à l’échec. Paradoxalement, il y a des idées qui ne sont parfois pas transcendentes mais qui, si elles sont bien travaillées, réussissent bien à se développer et trouvent leur place sur le marché.

Le marché marocain est-il assez mature pour ce type d’approches ?
Le consommateur marocain est aujourd’hui très impliqué. En témoignent les différentes approches marketing de grandes marques comme Maroc Telecom, Méditel, Unilever, Procter, Nestlé … Au contraire, le consommateur marocain est très concerné, il est même un acteur majeur. Ce n’est pas le consommateur qui pose problème à l’heure actuelle. Le problème se trouve davantage au niveau de l’entrepreneur qui aujourd’hui n’a pas encore compris qu’il faut aller au-delà de la simple idée. Il n’y a pas encore de prise de conscience de la nécessité de se faire accompagner pour bien fignoler l’idée et d’en faire un produit réellement viable. Très souvent, les TPME et même les PME familiales ne sont pas prêtes à se payer des compétences, notamment sur le volet marketing. Cependant, malgré tout, on constate que de plus en plus de TPE et PME s’inscrivent dans une démarche marketing.   

Vous avez dit «Mark Experts» ?
Mark Experts est le fruit d’une longue réflexion et d’un cheminement personnel qui a connu son aboutissement en 2013. Après une expérience dans de grandes entreprises multinationales, l’objectif de la fondatrice de Mark Experts est de de soutenir les TPE dans leur démarche de réflexion stratégique pour faire en sorte qu’une idée innovante puisse engendrer la création d’une entreprise, assortie d’un savoir-faire métier. Cette expertise se trouve plus facilement dans les grandes entreprises, qui sont non seulement conscientes de l’importance de la stratégie marketing dans la commercialisation de leurs produits, mais qui peuvent aussi se permettre une structure marketing in house. Mark Experts propose cette expertise aux TPE en prenant en compte les moyens limités de ces structures et en adaptant son offre à leurs besoins et impératifs.