Mass Céréales al Maghreb : cap sur l’Afrique avec STOA et Africa50

L’importateur de céréales, filiale du groupe Holmarcom, accueille deux investisseurs de référence, STOA et Africa50 infrastructure acceleration fund, pour accélérer son expansion panafricaine et structurer un modèle d’infrastructure stratégique au service de la sécurité alimentaire du continent.
Dans le secteur très concurrentiel de la logistique céréalière en Afrique, Mass Céréales al Maghreb franchit une étape décisive. L’opérateur, filiale du groupe Holmarcom, a officialisé l’entrée dans son capital de deux investisseurs de poids, STOA, fonds d’investissement dédié aux infrastructures durables, et Africa50 Infrastructure Acceleration Fund (IAF), bras armé du groupe Africa50.
Les deux partenaires acquièrent conjointement 49% des parts de l’entreprise, jusque-là détenues par Africa Infrastructure Fund I (A.P. Moller Capital), tandis que le groupe Holmarcom conserve 51%, consolidant sa position d’actionnaire majoritaire.
Ce changement dans l’actionnariat s’inscrit dans une logique de montée en puissance régionale, avec une vision claire de faire de Mass Céréales un acteur central de la logistique céréalière en Afrique de l’Ouest, dans un contexte de tensions alimentaires croissantes et de dépendance structurelle aux importations de denrées de base.
Un opérateur stratégique au Maroc
Depuis sa création en 2008, Mass Céréales al Maghreb s’est imposée comme un maillon essentiel de la chaîne d’approvisionnement alimentaire du Maroc, en assurant la manutention portuaire des céréales importées. Avec plus de 55 millions de tonnes traitées via ses deux terminaux de Casablanca et Jorf Lasfar, l’entreprise gère près de la moitié des volumes céréaliers importés dans le Royaume.
Cette performance résulte d’une combinaison de maîtrise opérationnelle, d’investissements continus et d’une spécialisation affirmée dans les infrastructures portuaires. Mais l’étroitesse du marché marocain et la nécessité d’optimiser l’utilisation de ses capacités ont conduit le groupe à entamer une stratégie d’expansion régionale, amorcée dès 2024 avec la mise en service d’un terminal logistique à Bargny-Sendou, au Sénégal.
Ce premier jalon hors du territoire national marque une inflexion stratégique, celle de transformer un acteur local en une plateforme régionale.
Une alliance d’expertises et de capital patient
L’entrée simultanée de STOA et d’Africa50 IAF constitue un levier de transformation de grande envergure. Pour Hafid Debbarh, directeur général de Mass Céréales, cette nouvelle configuration actionnariale est le levier qui permettra de franchir un cap, «leur expertise reconnue ainsi que leur fort engagement en faveur du développement durable en Afrique renforceront notre capacité à consolider notre position et à soutenir notre croissance sur l’ensemble du continent».
Ces deux entités, spécialisées dans le financement de projets structurants en Afrique, ne se contentent pas d’injecter des fonds. Elles apportent une capacité de projection, une connaissance fine des écosystèmes africains, et une volonté affichée de soutenir des projets porteurs d’impact économique et social.
Avec 900 millions d’euros d’actifs sous gestion, STOA est un acteur de référence en matière d’infrastructures résilientes, créé par la Caisse des dépôts et consignations française et l’Agence française de développement. Pour le fond, il ne s’agit pas uniquement d’investir dans des capacités physiques, mais de reconfigurer la logistique céréalière régionale, dans une logique d’impact.
«En collaboration avec Holmarcom et Africa50 IAF, nous sommes convaincus de pouvoir accélérer la transformation de la chaîne logistique céréalière et fluidifier le trafic portuaire, tout en contribuant directement à la sécurité alimentaire», déclare Marie-Laure Mazaud, directrice générale de STOA.
De son côté, Africa50 IAF, adossé à plus de 935 millions de dollars levés, regroupe un large éventail d’institutions financières africaines et internationales.
«En augmentant la capacité des terminaux céréaliers à travers le continent, nous renforçons non seulement la sécurité alimentaire, mais favorisons également l’intégration commerciale régionale et la création d’emplois durables», souligne Opuiyo Oforiokuma, associé principal.
Ensemble, ces partenaires entendent accompagner la création de nouveaux terminaux céréaliers à travers le continent, dans un objectif partagé de renforcement de la sécurité alimentaire, d’intégration régionale et de création d’emplois durables.
Holmarcom en chef d’orchestre discret
Dans cette recomposition, Holmarcom conserve un rôle central. Groupe privé structuré autour de quatre pôles (finance, agro-industrie, immobilier et logistique), il s’impose comme un investisseur stratégique sur les corridors logistiques africains.
Présent dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire et Burkina Faso), Holmarcom applique une stratégie de long terme, fondée sur l’adossement à des partenaires internationaux et sur le développement d’actifs productifs à haute valeur ajoutée. Cette approche méthodique lui permet de piloter des projets structurants tout en limitant son exposition, dans une logique de partage de risques et de co-investissement stratégique.
Dans le cas de Mass Céréales, le groupe assure la continuité de la gouvernance tout en s’appuyant sur les expertises techniques et financières des nouveaux entrants.
Un marché africain en mutation
Derrière cette opération se dessine un enjeu de fond : la transformation de la logistique agroalimentaire sur le continent africain. Avec une démographie en forte croissance, une urbanisation accélérée et une production agricole encore insuffisante, de nombreux pays africains restent structurellement dépendants des importations de céréales.
Dans ce contexte, la capacité à sécuriser les flux, optimiser les infrastructures portuaires et réduire les coûts logistiques devient une priorité stratégique pour les pays comme pour les opérateurs privés. En structurant une plateforme intégrée, capable de répliquer des modèles logistiques éprouvés sur différents ports, Mass Céréales ambitionne de jouer un rôle central dans cette recomposition.
Le modèle repose sur une logique d’efficience opérationnelle mais aussi de résilience climatique et de réduction des pertes post-récolte, autant de leviers qui répondent aux impératifs de durabilité et de souveraineté alimentaire.
Un signal fort pour le capital patient en Afrique
Enfin, cette opération envoie un signal positif aux investisseurs institutionnels, les infrastructures logistiques africaines offrent des perspectives de rendement attractives à long terme, à condition d’y déployer du capital patient, appuyé sur une gouvernance rigoureuse et des partenariats locaux solides.
Le succès du modèle Mass Céréales pourrait ainsi inspirer d’autres initiatives dans les domaines du fret, de l’eau ou de l’énergie.
La configuration actuelle, opérateur local bien implanté, fonds souverain panafricain (Africa50), acteur de développement européen (STOA), et industriel marocain structurant (Holmarcom), dessine une nouvelle grammaire de l’investissement en Afrique, fondée sur la convergence des intérêts publics et privés, nationaux et internationaux, pour répondre à des défis structurels.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO