Fès : Les opérateurs économiques listent les priorités de la ville
Une réunion tenue récemment entre les autorités de la ville et les opérateurs économiques a permis d’étudier toutes les difficultés de l’investissement à Fès. Le maire a invité les opérateurs à travailler ensemble en vue d’un avenir florissant.
Près de 200 opérateurs économiques de la ville de Fès étaient présents à la la rencontre organisée, il y a quelques jours, par la CGEM Fès-Taza. Leur objectif premier était de réfléchir ensemble à des voies de développement pour la région, mais aussi de débattre de la pertinence des projets déjà en cours d’étude au niveau local. Cette rencontre a été axée sur le thème «Perspective de développement de la ville de Fès». Mohammed Berrada Rkhami, président du CGEM Fès-Taza, a entamé cette rencontre par un état des lieux de l’activité économique à Fès, tout en mettant l’accent sur la «faible» contribution de la ville de Fès à la création de la richesse au niveau national, d’où une participation très faible au PIB. Pour lui, «la région connaît une aggravation du chômage, un pouvoir d’achat parmi les plus bas et un secteur industriel qui est en voie de disparition». Il a ainsi précisé qu’«en l’absence de projets structurants dans la région, nous constatons une rareté en termes d’investissement privé, ce qui encourage la fuite des RH».
De son côté, Mohammed Kabbaj, ex-ministre dans différents gouvernements et invité d’honneur à cette rencontre, a fait le point sur la dégringolade qu’a connue la ville de Fès sur cette dernière décennie. Pour lui, la ville ne représente que 4,5% des investissements nationaux, occupe la 4e place dans le secteur des services avec 6,6%, et la 3e et avant-dernière place en matière de la qualité de l’éducation. Seul point positif pour lui: la région a bien avancé dans la lutte contre les bidonvilles. Il a aussi précisé que la ville dispose d’un capital humain important et qu’il est indispensable que la région participe à l’économie de savoir. Dans son intervention, Driss El Azami El Idrissi, maire de Fès et ministre du Budget, a précisé qu’en dépit des chiffres décevants, on doit admettre que la ville de Fès recèle de forts potentiels que les opérateurs économiques de la ville doivent savoir exploiter de manière rationnelle. El Azami a déclaré que, depuis son arrivée, l’équipe à la tête de la ville de Fès avait comme ambition d’entamer de nouveaux chantiers en matière de création de nouvelles zones industrielles dans la région, et ce pour améliorer le climat des affaires et instaurer des lieux propices à l’investissement. Mais en procédant à un état des lieux.
Cette équipe s’est rendue compte du fait que les quartiers industriels existants ne disposaient pas du minimum d’équipement requis pour être qualifiés d’«industriels», d’où le changement de stratégie. L’objectif est donc de réaménager les zones existantes plutôt que d’en créer de nouvelles. Pour concrétiser cette démarche, la commune a voté, lors de sa dernière assemblée du mois de mai, l’octroi d’une enveloppe de 15 MDH (www.leseco.ma) afin de réaménager la zone industrielle de Bensouda. En abordant le sujet de l’ancien Complexe textile de Fès (COTEF), El Azami a mentionné que de nombreux efforts ont été fournis afin de conserver l’aspect industriel de la zone. Il a également déclaré qu’un appel à manifestation d’intérêt sera lancé pour permettre à cette zone de retrouver le rôle économique qu’elle occupait auparavant. Les opérateurs ont plaidé pour une «mutation» de la région. Pour la plupart d’entre eux, «il n’est plus question d’aide aux entreprises, mais plutôt de mutation pour faire face à la situation actuelle».
Estimée «trop coûteuse» par le maire de la ville de Fès, l’autoroute Fès-Tanger Med est pourtant incontournable pour la ville. Le vice-président de la CGEM, Omar Tajmouati, estime qu’«il est quasiment difficile de relancer l’économie de la région Centre-Nord sans une sortie sur Tanger Med parce que les coûts élevés pèsent lourd sur les opérateurs économiques et les exportateurs». Il est à noter que cette autoroute de près de 190 km permettrait de gagner près de 200 km sur ce trajet, un gain de 2 heures au profit des opérateurs économiques de Fès, Meknès, Taza et une bonne partie du Rif et du Moyen Atlas. De son côté, le maire de la ville de Fès a estimé «trop coûteuse» cette autoroute et a précisé que la décision était prise: Fès sera d’abord reliée au nouveau port de Kénitra. Le projet de l’autoroute Fès-Tanger Med sera programmé ultérieurement.