Iconoclaste…

Le dimanche 24 mars 2013 mourut à Agadir Fatima, une petite bonne de 14 ans, à cause de la maltraitance de ses employés. Un mois durant, et comme est souvent le cas au Maroc, une réaction musclée des réseaux sociaux avait relancé un vieux débat national sur le travail domestique des mineures. Rappelant au passage qu’en novembre 2012, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait exhorté les autorités marocaines à mettre fin à l’exploitation des enfants, majoritairement des filles, de moins de quinze ans, qui travaillent dur comme domestiques pendant 12 heures par jour, 7 jours par semaine, pour des sommes aussi minimes que 100 dirhams par mois, même si cette somme a augmenté dans les grandes villes ces dernières années.
Le projet donc, déposé en mars 2013 à la suite du décès de la petite Fatima n’a été présenté en 1re lecture au Parlement que le 29 décembre 2014, une année et neuf mois plus tard, avec une définition beaucoup plus large du travail domestique qui s’est clairement éloignée de l’objectif d’éradication de l’exploitation des petites bonnes. 13 mois après, ce projet de loi est renvoyé une nouvelle fois à la session d’avril prochain car il ne fait point l’unanimité et recèle encore quelques failles surtout au niveau de l’âge minimum de 16 ans à partir duquel une jeune fille pourrait travailler dans une maison, que d’aucuns considèrent comme une sorte de retour à l’esclavagisme légal et voudraient le porter à l’âge de la majorité au Maroc qui est de 18 ans.
Attendons-nous encore un drame à la petite ‘Fatima’ pour faire précipiter les choses et passer des lois à la va-vite pour calmer une furie et être, une fois n’est pas coutume, dans la réaction ? Cette loi aurait du mettre d’accord toutes les sensibilités politiques marocaines car elle concerne une grande partie de notre jeunesse non scolarisée.La session d’avril est la dernière de cette législature. La sortira t-on enfin ? ou sera t-elle par un calcul politicien exigu l’un des enjeux de la prochaine campagne des élections d’octobre prochain ?
Iconoclaste un jour, iconoclaste toujours…