Le rêve bleu
La politique des villes sans bidonvilles est comme un verre à moitié plein… ou vide. Sous Taoufik Hjira, un programme intégré à été adopté pour rendre leur dignité aux locataires des habitats insalubres. Une initiative qui n’a pas pu être menée à terme en raison d’une entrave principale qui continue à freiner cet ambitieux programme sous Nabil Benabdallah. Il s’agit de l’implication sans détour du ministère de l’Intérieur, car c’est bien ce département qui tient les rênes de la mise en œuvre de cette stratégie. Le ministère de l’Habitat ne fait qu’élaborer la politique générale dans ce sens, mais c’est au département de l’Intérieur que revient le travail ingrat. Sonder les bénéficiaires, déloger les réfractaires, superviser le relogement des familles, contrôler les dépassements des agents de l’autorité, etc. En somme, n’importe quel ministre de l’Habitat, quelle que soit sa bonne volonté, ne pourra avancer d’un iota si son homologue de l’Intérieur n’est pas investi de la même ferveur. En d’autres termes, c’est une question de gouvernement, et le principal responsable demeure le chef de l’Exécutif, qui est le seul à pouvoir exiger de l’Intérieur une totale implication. Seulement, sur le terrain, est-ce le cas? Rien n’est moins sûr car les mêmes pratiques, qui plombaient les efforts de Hjira, freinent l’engagement de Benabdallah. Moqaddems, cheikhs et autres agents de l’autorité continuent à y régner en maîtres, notamment en périodes électorales où la destruction de bidonvilles cohabite avec les constructions nocturnes d’habitats destructeurs de dignité humaine. Et tant que passivité et impunité remportent la bataille, on continuera de rêver.