Injuste «délégation»
Quand le contribuable s’acquitte de ses impôts en bon citoyen qu’il est, il s’attend, à juste titre, à un minimum de services publics. C’est le devoir de l’État de les lui garantir, dans les meilleures conditions et aux meilleurs standards. Or, il est constaté que le gouvernement brandit, depuis un certain temps, l’option de la gestion déléguée de certains services -et non des moindres-. Cela concerne essentiellement l’enseignement et la santé, mais aussi certaines prestations occasionnelles. La dernière en date est le paiement de la vignette automobile, confiée au privé. Le principe n’est pas discutable car c’est même une tendance d’externalisation en quête d’une qualité supérieure. Mais là où le bât blesse, c’est que c’est au citoyen de supporter cette migration d’un service public vers le privé. Quand un usager d’un véhicule paye sa vignette, c’est pour régler une contribution aux infrastructures et aux différents services y afférents. Les contraindre à payer un surplus en guise de prestation de service reviendrait à demander à un usager de contribuer au financement de la construction d’une route ou d’un pont. Cela pourrait être assimilé à une démission de l’État de ses engagements vis-à-vis des services publics. Et que l’on ne nous dise pas que le citoyen a le choix entre une prestation publique ou privée, car l’administration a tout simplement fermé ses guichets. Un État juste aurait proposé un paiement de la vignette à l’identique; à charge, pour le prestataire, de se faire payer lors du reversement à l’État.