Maroc

Rentrée parlementaire : l’ultime test pour l’Exécutif

La première session de la cinquième année législative de la onzième législature s’ouvre ce vendredi dans un climat de fortes attentes. À la veille d’une année électorale, le gouvernement est sommé d’accélérer l’adoption des grandes réformes sociales et économiques, de la refonte du Code de la famille à la restructuration des retraites, tout en préservant l’équilibre politique d’une majorité mise à rude épreuve.

La rentrée parlementaire, qui s’ouvrira ce vendredi sous la présidence du Roi à l’occasion de la première session de la cinquième année législative de la onzième législature, s’annonce décisive. Dernier exercice de la mandature en cours, elle revêt un relief particulier, à la croisée d’une année électorale et d’un calendrier législatif particulièrement dense. Le discours royal attendu marquera l’orientation générale d’une session placée sous le signe de la responsabilité politique et de la clarification des priorités nationales.

Des dossiers en suspens
En effet, le gouvernement abordera cette ultime ligne droite avec plusieurs chantiers sensibles. En tête, figure la refonte du Code de la famille, réforme sociétale majeure dont les contours divisent jusque dans les rangs de la majorité. Les discussions, encore à venir, devraient tester la capacité des forces politiques à dégager un consensus sur des questions touchant à la structure même de la société.

Le dossier des retraites, autre sujet à fort impact budgétaire et intergénérationnel, promet également d’alimenter des débats soutenus. À cela, s’ajoutent la réforme du Code du travail, plusieurs fois annoncée mais jamais finalisée, ainsi que les urgences économiques, à savoir le pouvoir d’achat, la fiscalité et le financement de la protection sociale.

Dans un contexte préélectoral où chaque prise de position comptera, ces réformes pourraient cristalliser les clivages partisans et éprouver la cohésion de la majorité. Le Parlement sera aussi appelé à examiner le cadre juridique régissant les prochaines élections législatives, dont les textes doivent être adoptés dans les mois à venir. Pour l’Exécutif, l’enjeu consiste à concilier efficacité et prudence, tout en maintenant la crédibilité de son programme face à une opinion publique attentive aux résultats concrets.

Certains politiciens estiment que le gouvernement a adopté une planification proactive destinée à dépasser les logiques électoralistes et affirment que la majorité des textes structurants sont déjà en cours d’élaboration, notamment dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de l’investissement et de la justice. Les fruits de ces réformes ne seront pleinement visibles que dans les années à venir, mais traduisent un effort de production législative soutenu, avec plus d’une centaine de textes adoptés depuis le début de la législature.

Pour d’autres, la session qui s’ouvre constitue une nouvelle occasion de mobilisation nationale autour des grands dossiers. Ils citent en priorité la question de la réduction des disparités sociales et territoriales, la mise en œuvre effective de la protection sociale et la relance des réformes structurelles dans l’éducation, la santé et l’emploi. Toutefois, ils rappellent que l’efficacité du travail législatif dépend largement de la réactivité du gouvernement face aux initiatives des groupes et aux attentes de la société civile.

Le volet social devrait primer
Le politologue Mohamed Chiker abonde dans le même sens. Pour lui, la session d’automne marquera une accélération du rythme gouvernemental. L’Exécutif tentera de finaliser les chantiers ouverts, au premier rang desquels figure la réforme du Code de la famille.

Le projet de Loi de finances pour 2026, également à l’ordre du jour, devrait être fortement empreint de mesures sociales, dans un contexte marqué par la montée des revendications de la jeunesse. Parallèlement, la révision du Code de procédure civile, partiellement censurée par la Cour constitutionnelle, s’impose comme une priorité juridique. Certaines dispositions ayant été jugées contraires à la Constitution de 2011, une réécriture plus minutieuse est attendue pour garantir la conformité de l’ensemble du texte.

Le Parlement devra ainsi statuer sur des projets de loi structurants qui nécessitent de larges consensus. Il cite en particulier la Loi de finances, le Code du travail et la réforme des retraites, tout en avertissant contre le risque d’un gaspillage du temps législatif restant. Selon lui, cette dernière année de la législature doit être consacrée à parachever les engagements inscrits dans le programme gouvernemental et à consolider la crédibilité de l’action publique. Cette rentrée s’annonce ainsi comme un moment de vérité politique.

Entre l’exigence de continuité réformatrice et la tentation d’un repli électoral, la majorité devra démontrer sa capacité à agir jusqu’au dernier jour du mandat. À la veille d’une année électorale par excellence, la session d’automne prend les allures d’un test grandeur nature pour l’Exécutif comme pour le Parlement, appelé à conjuguer urgence sociale et exigence démocratique.

Mohamed Chiker
Politologue

«La session d’automne marquera une accélération du rythme gouvernemental. L’Exécutif tentera de finaliser les chantiers ouverts, au premier rang desquels figure la réforme du Code de la famille. Le projet de Loi de finances pour 2026, également à l’ordre du jour, devrait être fortement empreint de mesures sociales, dans un contexte marqué par la montée des revendications de la jeunesse.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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