Maroc

Mohamed Rahj : “L’État social à l’épreuve du réalisme budgétaire”

Mohamed Rahj
économiste

Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les crédits, mais de réorienter une partie des ressources existantes vers des «dépenses d’urgence» à fort impact social. On peut dégager des économies sur les rubriques budgétaires non engagées en 2025, de l’ordre de 5 à 6 MMDH, et les réaffecter.

À titre d’exemple, à l’achat de médicaments, au matériel hospitalier de base ou à l’équipement scolaire. Ce ne sont pas des investissements lourds, mais des signaux politiques et sociaux forts. De plus, les recettes fiscales, en hausse de près de 20% sur les deux derniers exercices grâce à la digitalisation et au renforcement du contrôle, offrent des marges réelles de manœuvre.

Ces recettes pourraient utilement être fléchées vers les besoins sociaux immédiats. Cette approche pragmatique, qui consiste à redistribuer à court terme sans bouleverser l’équilibre global, traduit aussi un enjeu de confiance. Car la rue ne réclame pas des promesses lointaines, mais des preuves concrètes que l’État entend sa colère. L’histoire récente du pays rappelle que des revendications sociales ignorées peuvent vite se transformer en contestation politique.

La génération Z qui manifeste aujourd’hui est éduquée, connectée, consciente de ses droits et peu sensible au langage technocratique. Elle ne demande pas des privilèges, mais un minimum de dignité dont l’accès à l’école et aux soins.

Dans ce contexte, une Loi de finances rectificative ne serait pas un aveu d’échec, mais un geste de lucidité. Elle permettrait d’ajuster la politique budgétaire à la réalité du terrain, d’alléger les tensions sociales et de redonner du sens à la notion d’«État social» que le gouvernement ne cesse de mettre en avant.

Ce qui manque, peut-être, c’est la volonté politique de rompre avec une certaine inertie budgétaire héritée du passé, depuis les années 1980 où, sous l’influence des politiques d’ajustement structurel, l’État s’était progressivement désengagé de ses missions sociales fondamentales. Quarante ans plus tard, la note sociale est arrivée à échéance. Les citoyens demandent des comptes, et le gouvernement est sommé de répondre autrement que par des promesses.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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