Edito. Indéniable centralité

Il fallait s’y attendre ! L’arrivée à échéance du sursis accordé par la Cour de justice de l’Union européenne allume les voyants rouges de la place stratégique du Royaume dans le réseau diplomatique européen. En maintenant provisoirement en vigueur l’accord agricole de 2019, la Cour avait offert à Bruxelles une période de transition. Mais l’horloge tourne et, à présent, l’Europe ne peut plus ignorer l’évidence : le Maroc n’est pas un partenaire secondaire, mais bien un acteur incontournable dont la stabilité et la coopération conditionnent une partie de l’équilibre méditerranéen.

Le choix de la Commission européenne de présenter une nouvelle formule juridique, sous forme d’échange de lettres, n’est pas une simple manœuvre technique. C’est un signal politique. En étendant explicitement les préférences commerciales aux provinces du Sud, Bruxelles acte dans les faits ce que Rabat répète sans relâche : il n’y a pas de frontière à l’intérieur du Royaume.

Cet ajustement, présenté comme une mesure de continuité, est en réalité une reconnaissance de la centralité du Maroc dans le partenariat euro-méditerranéen. Car il ne s’agit pas seulement d’agrumes, de tomates ou de poissons. Il s’agit de flux commerciaux vitaux, d’une coopération sécuritaire éprouvée, d’une gestion concertée des migrations, d’un relais africain solide au moment où l’Europe cherche des alliés fiables.

L’Europe n’a pas les moyens de se priver du Maroc. La prospérité de nombreuses filières européennes dépend de la fluidité des échanges entre les deux partenaires. De plus, le Royaume s’impose comme un pôle d’attraction pour les investissements, un hub énergétique et logistique, un partenaire qui regarde autant vers l’Afrique que vers l’Europe. Le verdict est limpide : le Maroc n’a pas seulement résisté à la tempête juridique. Il en sort renforcé et, plus que jamais, indispensable.

Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO