Maroc

Maladies non transmissibles au Maroc : l’OMS dresse un topo inquiétant

Face à une explosion silencieuse des maladies non transmissibles (MNT), le Maroc voit se profiler un défi sanitaire majeur. Selon l’OMS, ces pathologies seraient à l’origine de 85% des décès dans le pays.

Les maladies non transmissibles (MNT) représentent un défi de santé publique majeur au Maroc, une tendance qui s’inscrit dans un contexte mondial préoccupant. Selon une analyse publiée mercredi par le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour la Méditerranée orientale (OMS/EMRO), ces maladies sont responsables de près de 85% de l’ensemble des décès enregistrés dans le pays, avec les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques en tête.

Ce constat alarmant soulève des questions cruciales sur la durabilité du système de santé marocain et sur l’efficacité des politiques de prévention. Les MNT, souvent qualifiées de «maladies de société», trouvent leurs racines dans des modes de vie marqués par une mauvaise alimentation, une activité physique insuffisante, la consommation de tabac et d’alcool, ainsi qu’un accès inégal aux soins préventifs.

Menée auprès d’adultes âgés de 18 ans et plus en 2017-2018, afin de recueillir des données standardisées sur les MNT et leurs facteurs de risque, l’étude nationale STEPS a révélé qu’au Maroc, 94,3% d’entre eux présentaient au moins un facteur de risque de MNT. Il s’agit, notamment, du tabagisme, d’une alimentation malsaine, de l’inactivité physique et de l’excès de poids.

Les chiffres sont frappants : 29,3% étaient hypertendus, 10,6% souffraient de diabète, 10,4% étaient prédiabétiques, 11,7% étaient fumeurs, 21,1% avaient une activité physique insuffisante, 76,3% n’atteignaient pas l’apport recommandé en fruits et légumes, 53% étaient en surpoids et 20% étaient obèses. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les MNT n’affectent pas uniquement la santé des individus, mais pèsent aussi lourdement sur l’économie nationale.

Le coût des soins, la perte de productivité et les années de vie perdues constituent des freins au développement durable. Le système de santé, historiquement orienté vers les maladies infectieuses et les soins d’urgence, peine encore à intégrer pleinement une approche centrée sur la prévention et la prise en charge des pathologies chroniques. À elles seules, quatre affections (insuffisance rénale terminale, cancer, hypertension sévère et diabète) absorbent plus de 73% des dépenses consacrées aux maladies de longue durée, souligne l’OMS. De l’autre côté, les ressources restent limitées.

«Le Maroc ne compte que 1,5 agent de santé pour 1.000 habitants, bien en deçà de l’objectif de développement durable de l’ONU de 4,45», insiste l’organisation.

Ce n’est pas tout, car «cette situation est encore plus préoccupante dans le contexte de la transition démographique du Maroc», alerte l’OMS. Avec l’augmentation de l’espérance de vie et la baisse des taux de fécondité, la population vieillit rapidement. À l’heure actuelle, 2,57 millions de personnes âgées vivent avec au moins une MNT. A ce sujet, l’OMS renvoie aux projection du Haut-commissariat au plan selon lesquelles «si les tendances actuelles se maintiennent, ce nombre pourrait atteindre 3,9 millions d’ici 2030».

Plusieurs efforts consentis
Face à cette réalité, le Maroc a entrepris plusieurs actions. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour promouvoir l’activité physique et une alimentation saine. Des protocoles nationaux ont été mis en place pour le dépistage précoce du diabète et de l’hypertension. La stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des MNT 2019–2029, signée par 25 partenaires, dont 13 ministères, se veut une réponse globale, intégrée et adaptée à cette épidémie silencieuse.

Cependant, l’OMS appelle à une accélération des efforts, notamment en matière de réglementation des produits alimentaires transformés, de taxation des boissons sucrées et de renforcement du système de soins de santé primaires. Des programmes de dépistage structurés ont été mis en place pour le cancer du sein et du col de l’utérus, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

En outre, le Maroc a élaboré des directives cliniques et des protocoles thérapeutiques, en particulier pour le diabète et le cancer, et renforcé les capacités des professionnels de la santé en intégrant la prise en charge des MNT dans les services de soins de santé primaires grâce à l’approche Hearts de l’OMS visant à améliorer la santé cardiovasculaire.

Avec le soutien de l’OMS, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a mené plusieurs enquêtes nationales, notamment l’enquête STEPS de 2017-2018 et plusieurs éditions de l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes, afin de suivre la prévalence des facteurs de risque de MNT.

En outre, la Stratégie de réforme de la santé du Maroc (2019-2029) vise à atteindre la couverture sanitaire universelle par le biais de l’assurance maladie obligatoire, y compris pour les MNT. La Stratégie comprend la prévention des facteurs de risque (tels qu’une mauvaise alimentation, le tabac, l’alcool et l’inactivité physique), l’intégration des soins contre les MNT dans les services de santé primaires et des campagnes de sensibilisation visant à promouvoir des modes de vie plus sains.

De plus, plusieurs plans stratégiques multisectoriels ont été élaborés : un plan de santé mentale (visant 2030), un plan de prévention et de gestion des dépendances (2024-2030), un plan diabète (2025-2034) et deux plans nationaux de lutte contre le cancer (2010-2019 et 2020-2029).

H.K. / Les Inspirations ÉCO



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