Lancer son business : les coûts RH à ne pas sous-estimer

Le Maroc attire chaque année de nombreux porteurs de projets, investisseurs et jeunes entrepreneurs. Si le Royaume offre un environnement propice à la création d’entreprise, se lancer suppose une anticipation rigoureuse des coûts de démarrage. Salaires, charges sociales, dispositifs publics : voici les postes clés à prévoir pour monter son activité, quels que soit le secteur ou la région. Bien que certaines données proviennent du Centre Régional d’Investissement de Casablanca-Settat, elles s’appuient sur des référentiels nationaux applicables sur tout le territoire.
Lancer son activité au Maroc, c’est saisir une opportunité dans un écosystème de plus en plus favorable. Mais c’est aussi faire preuve de rigueur dans l’évaluation des coûts humains. Salaires, charges sociales, formalités :
les postes à prévoir sont nombreux. En les anticipant avec précision et en mobilisant les bons dispositifs, les entrepreneurs mettent toutes les chances de leur côté pour construire un projet pérenne.
Dans le cadre d’une série de publications relatives aux coûts des principaux facteurs de production, le Centre régional d’investissement (CRI) de Casablanca-Settat vient de publier un premier fascicule portant sur les ressources humaines.
«Un facteur clé dans la réussite de tout projet d’investissement», estime le CRI.
Ce document synthétise les données portant sur les charges salariales, le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), les incitations de l’État pour le recrutement et la formation ainsi que sur le cadre institutionnel et législatif régissant le volet RH. Bref, on y trouve toutes les données concernant les ressources humaines nécessaires à un porteur de projet au moment de lancer son projet et de préparer son business-plan.
Salaires et charges sociales : la première équation à résoudre
Premier poste de dépense pour toute entreprise : les ressources humaines. Depuis le 1er janvier 2025, le SMIG (qui concerne pour rappel les activités non agricoles) s’élèvera à 3.266,10 dirhams brut mensuels, soit un salaire net d’environ 3.045,96 dirhams après déduction des cotisations salariales.
Pour l’employeur, le coût total, charges sociales comprises, atteint 3.954,92 dirhams. Dans le secteur agricole, le SMAG mensuel sera relevé à 2.418 dirhams brut à compter du 1er avril 2025, correspondant à un salaire net de 2.255,03 dirhams. Le coût global pour l’employeur est estimé à 2.927,96 dirhams.
Grille indicative : combien coûte chaque profil ?
Selon les données moyennes disponibles, un ouvrier non qualifié coûte entre 3.500 et 4.200 dirhams tout compris. Un technicien qualifié représentera un coût de 6.000 à 7.500 dirhams. Un cadre intermédiaire ou administratif est estimé entre 10.000 et 13.000 dirhams mensuels pour l’employeur. Quant aux profils ingénieurs ou managers, leur coût dépasse souvent 18.000 dirhams, voire 25.000 dirhams dans certains secteurs comme l’industrie ou les technologies.
Le poids des coûts RH dans un business model
Dans un modèle économique, les charges liées aux ressources humaines peuvent constituer le principal poste de coûts fixes, en particulier pour les secteurs à faible intensité capitalistique. Elles impactent directement le seuil de rentabilité, la trésorerie, et donc la capacité d’autofinancement de l’entreprise. Un business model bien pensé devra non seulement intégrer ces charges dans ses prévisions, mais aussi les optimiser grâce à une politique salariale adaptée, le recours à des dispositifs d’aide à l’emploi ou la flexibilité dans la gestion du personnel.
Dans le cas du secteur agricole ou des services à faible marge, maîtriser ces coûts est souvent déterminant pour assurer la viabilité à moyen terme. Maintenant, une question clé mérite d’être posée : que deviennent ces coûts sur un horizon de trois ans ? Avec une croissance annuelle moyenne de 10%, les entreprises voient rapidement leur masse salariale doubler. En l’absence d’optimisation, les coûts RH peuvent grever les marges. Il est donc essentiel d’intégrer des outils de planification (tableaux de bord RH, prévisionnels budgétaires) pour accompagner la montée en charge des effectifs.
Recrutement : quels dispositifs activer ?
Plusieurs organismes publics accompagnent les entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines. La CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) est indispensable : elle couvre la maladie, la retraite et les allocations familiales. L’affiliation devient obligatoire dès le premier recrutement.
L’ANAPEC propose, quant à elle, des contrats d’insertion, des aides à l’embauche et des formations subventionnées. L’OFPPT offre accès à des profils formés, ainsi qu’à des stages conventionnés dans différents métiers. Pour leur part, les plateformes en ligne telles que cnss.ma, anapec.org, ofppt.ma ou miepeec.gov.ma centralisent les informations et facilitent les démarches administratives.
En matière d’aides disponibles, il est utile de souligner le programme TAAHIL qui permet de financer des formations sur mesure pour les entreprises nouvellement créées. Pour sa part, le contrat Idmaj de l’ANAPEC offre des exonérations de charges sociales pendant les premières années d’embauche. Quant au programme Awrach, il cible les emplois peu qualifiés avec une prise en charge partielle du coût salarial. Ces dispositifs peuvent représenter un levier majeur pour les petites structures.
Les erreurs à ne pas commettre en RH
Parmi les pièges récurrents que rencontrent les jeunes entrepreneurs, c’est de sous-estimer les coûts réels sur la durée, de recruter sans stratégie, ou d’ignorer les obligations réglementaires (affiliation à la CNSS, contrat de travail conforme, registres du personnel).
«Beaucoup de créateurs d’entreprise n’intègrent pas suffisamment le volet social dans leur plan de trésorerie. Or, les charges RH sont systématiques et périodiques, elles ne peuvent être reportées», prévient un conseiller en gestion.
Autre erreur courante : ne pas formaliser les relations de travail. Cela expose à des risques juridiques en cas de litige. «Un bon contrat préserve les intérêts des deux parties. Il faut aussi anticiper les fins de contrat, prévoir les indemnités éventuelles et s’assurer que l’employé est bien déclaré», ajoute-t-il.
Enfin, négliger le volet formation est un frein réel à la montée en compétences des équipes. «Des dispositifs publics existent, et les chefs d’entreprise doivent les connaître. Un personnel mieux formé est plus productif et plus fidèle», conclut notre expert.
Quel budget prévoir selon le secteur ?
Dans le secteur privé urbain, un porteur de projet embauchant cinq profils intermédiaires avec un salaire net moyen de 6.000 dirhams par personne devra prévoir un coût employeur de 8.000 dirhams par salarié, soit 40.000 dirhams par mois et près de 500.000 dirhams par an, hors avantages.
Dans le secteur agricole, un exploitant prévoyant cinq salariés rémunérés au SMAG devra débourser près de 14.640 dirhams par mois, soit 2.927,96 dirhams par salarié, incluant les charges sociales. Sur une année, ce budget représente près de 175.000 dirhams.
SMIG 2025 au Maroc
Le SMIG pour les activités non agricoles est fixé à 3.266,10 dirhams brut par mois, pour un net de 3.045,96 dirhams. Le coût total employeur atteint 3.954,92 dirhams. Pour le secteur agricole, le SMAG est de 2.418 dirhams brut, soit un net de 2.255,03 dirhams et un coût total de 2.927,96 dirhams. Les charges patronales oscillent entre 688 et 690 dirhams. Le SMIG et le SMAG sont exonérés de l’IR. Quant à l’affiliation à la CNSS, elle est obligatoire dès le premier salarié.
H.K. / Les Inspirations ÉCO