Maroc

Maïs doux : les exportations explosent, les marchés se redéfinissent

Les exportations marocaines de maïs doux frais ont atteint un niveau record lors de la campagne 2024‑2025. Elles franchissent, pour la première fois, le cap symbolique des 20.000 tonnes. Porté par une conjoncture climatique favorable et une forte demande européenne, ce record est accompagné d’une reconfiguration des marchés du Royaume.

Au terme de la campagne 2024‑2025, le Maroc a franchi une étape symbolique dans ses exportations de maïs doux frais, principalement destiné à la transformation en conserve. Selon des données du Global Trade Tracker, obtenues auprès de l’Office des changes et relayées par EastFruit, les volumes exportés au cours de cette campagne se sont élevés à 21.800 tonnes, soit un chiffre d’affaires de plus de 20 millions de dollars.

Il s’agit là d’une progression de 28% par rapport à la saison 2023-2024 et de 61% par rapport à celle de 2022‑2023. Jamais auparavant, le pays n’avait franchi la barre des 20.000 tonnes exportées au cours d’une seule campagne. Cette performance constitue ainsi une nouvelle référence dans ce segment. Le rythme d’exportation du maïs doux marocain est en accord avec les cycles de production : une récolte automnale (octobre‑décembre) et une autre printanière (avril‑juin), qui tend traditionnellement à fournir les volumes les plus importants destinés à l’export.

De plus, les conditions climatiques de la campagne 2024‑2025 ont joué un rôle déterminant. Des précipitations favorables dans les régions productrices et des températures adéquates, d’un côté, et un retard et/ou affaiblissement de certaines productions européennes, notamment en Espagne, suite à de fortes précipitations, de l’autre. Autant d’événements qui ont ouvert des opportunités pour le Maroc sur les marchés extérieurs. Au point que cette conjoncture a modifié le paysage des échanges commerciaux.

L’Espagne devient le premier client du Maroc
Pour la première fois depuis 2015, l’Espagne devance le Royaume‑Uni comme premier importateur de maïs doux marocain, avec une part de marché de 38,6%. Le Royaume-Uni, quant à lui, en a absorbé 38,5% des. L’Allemagne arrive troisième, avec 10,5% de part de marché. Les importations espagnoles de maïs marocain ont bondi de 67% par rapport à la campagne précédente (2023‑2024). D’autres marchés européens enregistrent également des progressions notables : l’Allemagne (+52%), la France (+30%) et la Suisse (+14%).

En revanche, les Pays‑Bas font figure d’exception avec un recul de 15%. Ce record pose un nouveau défi, celui de maintenir une régularité des expéditions. Un défi de taille au vu des sécheresses qui se sont succédées. Il ne manque pas d’interpeller par ailleurs, puisque le Maroc est un grand importateur de maïs, notamment gras et fourragère.

En effet, à fin août 2025, les données consolidées par la FNCL confirment une progression notable des importations de maïs. Sur la période allant du 1er juin au 31 août, les volumes importés atteignent 817.311 tonnes, contre 703.238 à la même période de la campagne précédente. Cette évolution représente une hausse de 16%.

Une hausse significative portée par la demande fourragère
Ces chiffres s’inscrivent dans un contexte où les besoins du secteur de l’élevage se maintiennent à un niveau soutenu. Le maïs, composante centrale de la formulation des aliments composés pour volaille et ruminants, voit sa demande progresser en raison d’un double effet : la reprise de l’activité avicole après les ajustements post-crise et une pluviométrie irrégulière ayant affecté certaines productions locales.

Sur une base mensuelle, les importations moyennes passent de 234.413 à 272.437 tonnes/mois. Si cette hausse répond à des besoins conjoncturels identifiables, elle n’en soulève pas moins la question de la résilience du système productif national. Le recours accru au marché international expose les équilibres de la filière à des facteurs exogènes : volatilité des prix mondiaux, perturbations logistiques et tensions géopolitiques.

Importations marocaines de maïs : Le Brésil consolide sa domination

Avec 817.311 tonnes importées sur la période juin‑août 2025, les achats de maïs à l’international confirment leur dynamique haussière (+16 % par rapport à la campagne précédente). Il est à souligner l’apparition de nouvelles hiérarchies commerciales, marquées par une prédominance brésilienne et une percée de l’Argentine.

En effet, en tête des exportateurs vers le Maroc, le Brésil lui a fourni 415.683 tonnes, soit plus de la moitié du total importé sur la période, avec une couverture multisite : Casablanca concentre à elle seule près de 70% du volume brésilien, tandis que Jorf accueille près de 93.500 tonnes. Le port d’Agadir vient en complément avec 32.481 tonnes. Avec 184.386 tonnes, l’Argentine se positionne comme le deuxième fournisseur de maïs du Maroc. L’essentiel des volumes transite par Casablanca (162.390 tonnes).

Pour leur part, les États-Unis maintiennent leur place, sans progression notable, avec 176.442 tonnes de maïs, réparties entre Casablanca (131.466 tonnes) et Agadir (44.976 tonnes). Globalement, Casablanca capte plus de 76% des importations de maïs sur la période (soit 624.382 tonnes sur 817 .311), confirmant son rôle central dans le dispositif national d’approvisionnement. Agadir (99.453 tonnes) et Jorf (93 476 tonnes) complètent ce trio logistique.

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



Startups : l’écosystème marocain a encore du chemin à faire


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page