Maroc

Tissus importés : le début d’un apaisement ?

La situation des importateurs de tissu est des plus délicates. Confrontés à la suppression du certificat de conformité délivré à l’origine, à la flambée des coûts de certification et à une revalorisation douanière jugée injustifiée, les importateurs de tissus montent au créneau. L’ANIT alerte sur les menaces qui pèsent sur la viabilité du secteur et engage un dialogue tendu, mais prometteur, avec les autorités.

Le certificat de conformité continue de susciter la polémique dans les rangs des importateurs de tissus. Après une série de quiproquos autour du dispositif opéré via la plateforme Portnet, censée fluidifier le traitement des produits soumis à contrôle à l’origine et faciliter la gestion des certificats de conformité (COC), les difficultés ont perduré, nourries par des retards imputables aux pannes techniques récurrentes de la plateforme.

Une situation qui a conduit les importateurs à réclamer le retrait pur et simple du dispositif. C’est désormais chose faite.

À l’issue de longues négociations avec les autorités compétentes, l’Association nationale des importateurs de tissus (ANIT) a obtenu gain de cause. Le ministère de l’Industrie et du Commerce a pris, il y a à peine un mois, la décision d’y mettre un terme.

Lueurs d’espoir ?
Mais les importateurs ne sont pas au bout de leurs peines. Ils se heurtent désormais à une hausse vertigineuse des honoraires des cabinets chargés du contrôle des produits importés pour certifier les produits, dont les tarifs ont connu une augmentation jugée excessive.

Selon l’ANIT, si le coût moyen de la prestation s’établissait auparavant à 6.000 dirhams, il atteint aujourd’hui jusqu’à 23.000 DH. Une envolée tarifaire appliquée sans préavis ni justification claire, dénoncent les professionnels du secteur. À cela s’ajoute une revalorisation brutale des valeurs douanières applicables à certains tissus, en particulier le crêpe de soie importé de Corée. Alors que sa valeur douanière avait déjà été portée à 80 dirhams le kilogramme il y a près de deux ans, elle a récemment été réévaluée à 110 dirhams. Face à une telle accumulation de contraintes, l’ANIT multiplie les appels aux pouvoirs publics et demande audience auprès des autorités concernées.

En l’absence de réponse, l’exaspération est telle que les importateurs menaçaient d’un arrêt total de leurs activités. Un climat de tension atténué par la convocation, in extremis, du bureau de l’association à une réunion avec Omar Hjira, Secrétaire d’État chargé du commerce extérieur. À l’issue de cet échange, les importateurs affichent un optimisme prudent.

«Cette réunion redonne le sourire aux professionnels, confrontés à une situation de plus en plus difficile. Le secrétaire d’État s’est montré à l’écoute, et a surtout pris connaissance de certaines pratiques. Certes, des solutions immédiates ne peuvent être adoptées dès la première réunion, mais il nous a assuré que le dialogue se poursuivra», affirme Younès El Moufti, président de l’ANIT.

Doléances et recommandations
Face à la multiplication des contraintes administratives et fiscales, les représentants du secteur ont tenu à dresser un tableau clair des difficultés rencontrées par les importateurs de tissus au Maroc. L’objectif de cette réunion était triple, exposer les dysfonctionnements du système actuel, alerter sur l’impact économique de certaines pratiques et proposer des pistes concrètes pour redresser la filière.

Parmi les sujets abordés, les obstacles douaniers ont concentré l’attention. Le bureau de l’ANIT a dénoncé des pratiques ralentissant considérablement les procédures portuaires, provoquant retards et surcoûts. À cela s’ajoutent les hausses successives des droits de douane, qui pèsent lourdement sur les équilibres économiques des entreprises du secteur.

A, ce sujet, il a été convenu d’élaborer une étude approfondie sur le tissu concerné par la revalorisation douanière, laquelle sera remise au Secrétaire d’Etat. Autre point d’achoppement, l’exclusion de l’ANIT des concertations institutionnelles relatives à l’organisation du marché. L’association réclame d’être reconnue comme l’interlocuteur légitime et incontournable dans toute réforme touchant à l’importation de tissus.

De son côté, Omar Hijra, qui s’est montré réceptif aux doléances des professionnels, a souligné la nécessité de préserver un équilibre entre la protection du marché intérieur et la libre circulation des marchandises, en appelant à un dialogue continu avec les acteurs du secteur.

Toutefois, deux engagements majeurs ont été actés à l’issue de l’échange. Il s’agit de l’organisation prochaine d’un atelier de travail élargi, réunissant les principaux opérateurs de la filière et l’association de l’ANIT, aux processus législatifs touchant à l’importation de tissus ou à la régulation du marché textile. Quant aux tarifs des cabinets de certification, le Secrétaire d’Etat a suggéré d’établir un rapport détaillé sur lequel il pourra se baser dans la perspective de structurer cette démarche cruciale pour les importateurs.

Concernant le COC, l’association réclame un retour au système antérieur, jugé plus fiable, plus rapide et moins coûteux. En attendant cette réintégration, elle appelle les autorités à adopter une série de mesures correctives destinées à encadrer les analyses locales, trop souvent jugées opaques ou arbitraires.

Ce document constituait jusqu’alors une garantie essentielle quant à la qualité des marchandises, avant même leur arrivée sur le territoire national. Son absence, selon l’ANIT, expose les professionnels à des pertes majeures liées aux incertitudes des analyses menées localement.

Younès El Moufti
Président de l’ANIT

«Cette réunion redonne le sourire aux professionnels, confrontés à une situation de plus en plus difficile. Le Secrétaire d’État s’est montré à l’écoute, et a surtout pris connaissance de certaines pratiques. Certes, des solutions immédiates ne peuvent être adoptées dès la première réunion, mais il nous a assuré que le dialogue se poursuivra.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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