Maroc

Aviculture : la filière lance l’offensive contre les circuits informels

Près de 80% de la volaille consommée au Maroc échappe, hélas, aux circuits de contrôle sanitaire. Face à ce constat qui fragilise à la fois la santé publique et l’économie du secteur, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) a réuni les professionnels de la filière à Fès. L’objectif est d’accélérer la transition vers des abattoirs modernes, une étape jugée indispensable pour garantir la sécurité du consommateur et ouvrir l’accès à des marchés à plus forte valeur ajoutée.

Un secteur performant en production, mais handicapé par une commercialisation défaillante. Tel est le diagnostic posé par la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) lors d’une rencontre avec les professionnels de la filière à Fès. Un goulot d’étranglement qui, malgré l’autosuffisance du pays en viandes blanches, voit une large partie de la production échapper aux circuits contrôlés.

Face à ce manque à gagner pour les opérateurs, la promotion des abattoirs modernes est désormais présentée comme la clé de voûte pour valoriser le produit, garantir la confiance et renforcer la compétitivité nationale.

Modernisation de la filière avicole : une nécessité stratégique
Ce défi structurel a été quantifié de manière précise par les professionnels. Selon Ahmed Daoudi, directeur de la FISA, «environ 80 % de la production avicole transite par des circuits informels et insalubres». Ce constat met en évidence une lacune critique en matière de sécurité sanitaire. Seuls 20 % des volumes sont actuellement traités dans des abattoirs agréés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).

L’enjeu principal est donc d’intégrer un plus grand nombre d’opérateurs dans un circuit formel, contrôlé et sécurisé, conformément à la loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires. Cette démarche s’inscrit dans la stratégie «Génération Green 2020-2030», qui vise à porter la production à 900.000 tonnes, dont 90% devront être traitées dans des structures agréées.

La région Fès-Meknès, un pôle de production face au défi de la transformation
La région Fès-Meknès illustre parfaitement ce paradoxe national. Pôle majeur de production, elle assure 30% de l’approvisionnement national en œufs de consommation et 10% en viande blanche. Khalid Zaim, président de l’Association des producteurs d’œufs et délégué régional de la FISA, souligne que si la production en amont est bien structurée, notamment grâce à la loi 49-99, «la région accuse un retard en matière de transformation et de commercialisation».

Le défi consiste à moderniser l’aval de la filière en accompagnant la transition des tueries traditionnelles, ou «riyachates», vers des abattoirs modernes. L’absence d’infrastructures d’abattage agréées dans la région constitue un frein économique majeur, empêchant les éleveurs d’accéder à des marchés à forte valeur ajoutée comme les grandes surfaces, les hôtels ou la restauration collective, qui exigent des produits certifiés par l’ONSSA et disposant d’une traçabilité.

Des dispositifs d’accompagnement pour stimuler l’investissement
Pour répondre à ces enjeux, la FISA et ses partenaires ont mis en place des mesures incitatives destinées aux porteurs de projets. L’appel à l’investissement s’adresse aussi bien aux propriétaires de «riyachates» désireux de se moderniser qu’aux jeunes entrepreneurs.

La Fédération s’engage à accompagner les investisseurs dans leurs démarches administratives et techniques pour la création d’abattoirs de faible capacité, un modèle jugé plus flexible et adapté aux besoins locaux. Preuve de cette mobilisation, la FISA accompagne actuellement 25 projets de mise en place d’abattoirs modernes à l’échelle nationale.

Cet accompagnement vise à faciliter l’obtention de l’agrément sanitaire de l’ONSSA, sésame indispensable pour la valorisation des produits. La modernisation de ce maillon est considérée comme un investissement stratégique, non seulement pour la santé du consommateur, mais aussi pour l’image du Maroc, qui se doit de présenter des produits conformes aux normes internationales les plus strictes..

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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