Aides sociales directes : vers une révision du seuil d’éligibilité

Le gouvernement envisage d’ajuster les critères d’éligibilité aux aides sociales directes. Une annonce faite lundi par le ministre délégué au Budget, Fouzi Lekjaa, qui intervient dans un contexte où plus de 98% des demandes ont été acceptées en juin dernier.
S’exprimant devant les députés de la Chambre des représentants, Fouzi Lekjaa a déclaré que le gouvernement envisage de revoir «à l’avenir» les modalités d’application du seuil d’éligibilité aux aides sociales directes. Une inflexion qui vise à affiner le ciblage et à renforcer la cohérence entre les objectifs du programme et la réalité socio-économique des bénéficiaires.
L’annonce intervient alors que 98,4% des demandes d’aides sociales ont été validées en juin dernier, signe d’un déploiement fluide du programme. Les 1,6% de rejets sont principalement dus à des «dynamiques familiales» ou à la perception simultanée d’autres aides publiques ou privées, d’après les explications fournies par Lekjaa sous la Coupole.
Selon les chiffres communiqués par le ministère du Budget en mai dernier, le programme avait déjà bénéficié à près de 3,6 millions de ménages, soit plus de 10 millions de personnes. Le montant mensuel moyen versé est estimé entre 500 et 1000 dirhams par ménage selon la composition familiale.
Vers une architecture plus fine du ciblage social
La question du seuil d’éligibilité est centrale dans tout programme de redistribution : trop restrictif, il laisse des ayants droit sur le bord du chemin ; trop large, il draine des ressources vers des publics moins prioritaires. En ce sens, l’actualisation des critères peut refléter une volonté d’optimisation à l’aune des retours de terrain et des données collectées via le Registre social unifié.
Dans ce cadre, Lekjaa a rappelé que les personnes dont la demande a été rejetée disposent d’un droit de recours.
«La loi garantit aujourd’hui à toute personne ayant reçu une décision de rejet la possibilité d’interagir avec les autorités chargées du Registre social unifié, en fournissant les documents et les justificatifs prouvant ses droits», a-t-il rappelé, ajoutant que garantir la transparence et permettre à tous les ayants droit de bénéficier de cette aide est un travail qui doit être participatif.
Ce que disent les bénéficiaires
Selon une enquête menée par l’Observatoire national du développement humain (ONDH) durant le premier semestre 2025, 87,46% des bénéficiaires se déclarent globalement satisfaits du Programme d’aide sociale directe (PASD). La gestion du processus d’inscription est jugée transparente par 95% des chefs de ménages interrogés, et les informations sont considérées comme claires par plus de 93% des répondants.
L’impact du PASD est jugé significatif sur le niveau de vie (89,2%), la sécurité alimentaire (92%) et la scolarisation (82%). Toutefois, l’accessibilité demeure un point faible : seulement 5% des bénéficiaires jugent l’inscription simple, et 67% la trouvent moyennement complexe, nécessitant souvent une aide externe.
L’enquête positionne le Maroc à un bon niveau de performance internationale : le taux de satisfaction est comparable à celui de programmes comme le Child Support Grant sud-africain (~90%) et supérieur à celui du programme mexicain Prospera (~75–80%). L’Indice national de satisfaction sociale (INSS), introduit par l’ONDH, attribue un score de 71/100 au PASD, mettant en évidence des marges d’amélioration sur l’accessibilité, l’impact perçu et la transparence.
S.N. / Les Inspirations ÉCO