Edito. Du plomb dans l’aile de la compétitivité

Le maquereau et le saint-pierre, deux espèces de poissons prisées sur les tables marocaines, sont au cœur d’une alerte sanitaire silencieuse. Une étude maroco-européenne révèle la présence significative de microplastiques et de métaux lourds dans ces poissons. Si les risques demeurent tolérables pour les adultes, ils deviennent préoccupants pour les enfants en cas de consommation régulière.
Mais au-delà de la question sanitaire, c’est bien le coût économique de la pollution marine qu’il convient d’interroger. Car il ne s’agit pas seulement de santé publique : ce sont des emplois, des filières, et la compétitivité du pays sur les marchés mondiaux qui sont en jeu. Plus qu’un simple signal d’alerte, ce travail de recherche braque les projecteurs sur la question des politiques de gestion des déchets plastiques et des rejets industriels.
Chaque année, entre 8 et 15 millions de tonnes de plastique rejoignent les océans, souvent via des fleuves insuffisamment assainis. Dans ce contexte, l’inaction a un coût croissant, budgétaire comme stratégique. Engagé dans une dynamique de développement durable, le Maroc ne peut faire l’impasse sur aucun secteur.
Dans cet ordre d’idées, c’est toute la chaîne de valeur de la pêche qu’il faut repenser, de la mer à l’assiette. Chaque maillon de l’économie bleue doit prendre en compte les enjeux de traçabilité, de vigilance environnementale et d’innovation verte.
Pour cela, nous devons miser sur des investissements ciblés dans la recherche scientifique, le traitement des eaux usées, et la sensibilisation des industriels aux externalités de leur activité. Sinon, le prix de l’inaction pourrait dépasser celui des solutions.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO