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Droits de douane : face à Trump, les BRICS défendent leur autonomie, l’Europe joue collectif

Alors que Donald Trump menace d’alourdir les droits de douane contre les pays proches des BRICS, la Chine appelle à éviter l’escalade commerciale. En parallèle, l’Union européenne s’efforce de préserver son front uni dans les négociations avec les États-Unis.

Les tensions commerciales s’intensifient à mesure que Washington durcit son ton. Dimanche, sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a averti que tout pays s’alignant sur les «politiques anti-américaines» des BRICS serait frappé d’un droit de douane additionnel de 10%. Le président américain entend ainsi accentuer la pression sur ses partenaires commerciaux, quelques jours avant l’échéance qu’il leur a fixée pour conclure de nouveaux accords bilatéraux. Dès lundi, il annonçait l’envoi d’une première série de lettres menaçant d’impositions tarifaires massives.

Face à ces déclarations, Pékin a réagi avec prudence. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a rappelé la position constante de son pays : «Les guerres commerciales et tarifaires ne font pas de gagnants et le protectionnisme ne permet pas d’avancer». Réaffirmant la vocation des BRICS comme plateforme de coopération Sud-Sud, elle a insisté sur l’ouverture et l’inclusivité du groupe.

«Les BRICS ne se livrent pas à la confrontation des camps et ne visent aucun pays», a-t-elle déclaré.

Créé pour rééquilibrer les rapports Nord-Sud dans le commerce mondial, le bloc des BRICS, qui regroupe historiquement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, s’est notablement élargi depuis 2023 avec l’adhésion de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Iran et, plus récemment, de l’Indonésie. Une extension qui suscite la méfiance de Washington, pour qui ce nouvel axe Sud global menace ses positions dans l’économie mondiale.

L’Union européenne resserre les rangs
Du côté européen, la riposte s’organise aussi, mais dans une logique de désescalade et d’unité. Le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, s’est félicité lundi de la cohésion dont fait preuve l’Union européenne dans les négociations en cours avec les États-Unis.

«Contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, les Européens sont unis malgré leurs intérêts nationaux différents», a-t-il déclaré sur RTL.

Pilotées par la Commission européenne, ces discussions visent à éviter une nouvelle vague de droits de douane, que l’administration Trump entend appliquer dès le 1er août. La France, tout en se montrant ouverte à une «augmentation faible» des taxes sur certains produits, exige en contrepartie une protection accrue pour des secteurs clés comme l’aéronautique, les vins et spiritueux, ou les cosmétiques. L’unité européenne, selon Laurent Saint-Martin, ne se limite pas au seul dossier américain.

«Cela servira pour la suite», a-t-il souligné, évoquant les négociations à venir avec l’Inde, la Malaisie, les Philippines ou encore l’Australie. Il a également relancé la perspective d’un accord avec le Mercosur, bloqué notamment par la France du fait de l’absence de garanties sur le secteur bovin.

Un nouvel équilibre des forces commerciales
Si l’Union européenne tente de jouer collectif pour affirmer sa capacité à négocier à l’échelle globale, la stratégie américaine semble privilégier l’affrontement bilatéral et le rapport de force. En s’attaquant frontalement aux pays du Sud global rassemblés au sein des BRICS, Donald Trump assume une politique de dissuasion économique.

Le message est clair : s’éloigner de Washington, c’est s’exposer à des mesures punitives. Mais le succès de cette stratégie reste incertain. Car plus les États-Unis haussent le ton, plus les pays du Sud cherchent à diversifier leurs alliances.

Pour Pékin, qui promeut une logique multipolaire, cette attitude américaine est un catalyseur de solidarité entre économies émergentes. Et pour l’Europe, elle souligne la nécessité de repenser ses priorités stratégiques dans un monde où les équilibres commerciaux sont en pleine recomposition.

Sami Nemli avec agence / Les Inspirations ÉCO



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