Edito. Levier de compétitivité

La réforme du régime de change avance discrètement, mais son impact pourrait être considérable. Elle est en réalité le reflet d’un nouvel équilibre que cherche à positionner le Maroc entre ouverture économique et protection contre les chocs extérieurs.
Pour les patrons d’entreprise, il s’agit d’une donnée stratégique. La variation du cours du dirham pèse sur les coûts d’importation, les marges à l’export et la visibilité des investissements.
Pour les ménages, c’est une variable silencieuse qui peut, à terme, influencer les prix des biens de consommation, notamment importés.
Dans les deux cas, la question est la même : faut-il s’inquiéter d’un dirham plus libre ? La réponse penche plutôt, aujourd’hui, du côté de la prudence. Une posture privilégiée par Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, qui n’est adepte ni du saut dans le vide ni de libéralisation brutale.
Cette réforme marque une transition et non une rupture. Son intérêt est d’offrir à l’économie marocaine plus de flexibilité face aux tempêtes économiques mondiales. Mais elle n’est pas sans conditions. Elle exige une inflation sous contrôle, des réserves de change solides et un marché des devises structuré. Autant d’éléments que la Banque centrale affirme être désormais réunis. Reste à en convaincre les acteurs économiques, et surtout, à maintenir ces équilibres sur la durée.
Pour les investisseurs, cette réforme peut être une opportunité, en favorisant un environnement davantage aligné sur les pratiques internationales. Pour les entreprises tournées vers l’export, elle constitue un levier de compétitivité.
Pour les citoyens, c’est la promesse d’un système mieux armé contre les secousses extérieures, donc plus protecteur pour le pouvoir d’achat. L’essentiel sera de ne jamais perdre le cap d’une économie certes ouverte, mais solidement arrimée à ses propres fondamentaux.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO