Éco-Business

Hausse de l’IPC : l’inflation au risque de la volatilité des cours du baril

L’analyse de l’évolution cumulative de l’IPC sur les cinq premiers mois de l’année 2025 a affiché une hausse de 1,4%, comparativement à la même période de 2024. Selon Mohamed Jadri, économiste et expert, l’inflation qui est corrélée au cours du baril au niveau international aura des répercussions sur le niveau des produits au Maroc et le panier des ménages, surtout avec la guerre au Proche-Orient dans un contexte d’incertitude quant à la durée du conflit.

En attendant la réaction, à long terme, du marché du pétrole qui s’est fait attendre suite aux tensions géopolitiques au Proche-Orient, les cours de l’or noir peuvent bien avoir des répercussions sur le panier des Marocains, compte tenu de son caractère transversal. Pour le moment, le ressenti des ménages continue d’exacerber un sentiment négatif au sujet de l’évolution du coût de la vie entre l’inflation mesurée et l’inflation perçue ou vécue par les consommateurs.

De ce fait, l’analyse de l’évolution moyenne de l’IPC sur les cinq premiers mois de l’année 2025, par rapport à la même période en 2024, fournit une perspective sur la tendance inflationniste cumulative en début d’année. Dans l’ensemble, l’indice couvrant un panier fixe contenant 546 articles et 1.391 variétés a affiché une hausse de 1,4% sur les cinq premiers mois de 2025 comparativement à 2024 (indice moyen de 119,7 en 2025 contre 118,0 en 2024). Cela indique une pression inflationniste persistante en début d’année, bien que potentiellement plus modérée que lors de pics inflationnistes antérieurs.

«Certes, je pense que le taux d’inflation, de 6,6% enregistré en 2022 et de 6,1% en 2023, est loin. Pas mal de facteurs essentiels expliquent cette évolution. Premièrement, la facture énergétique. Aujourd’hui, le prix du gasoil et de l’essence n’a rien à voir avec les prix affichés en 2022 et en 2023. Et on voit qu’aujourd’hui, en avril et mai, le baril au niveau international n’a pas dépassé les 60 ou 65 dollars au maximum.

Aussi, la baisse de l’inflation des produits alimentaires est due à une amélioration des conditions climatiques pendant le printemps. Toutefois, dans un contexte d’incertitude et de manque de visibilité avec la guerre au Proche-Orient, on a constaté, la dernière semaine, une hausse flagrante du baril au niveau international», explique Mohamed Jadri, économiste et expert.

En ajoutant que «malheureusement, on ne voit pas encore le bout du tunnel de cette guerre entre l’Iran et Israël et sa durée qui aura sûrement un impact sur les prix du baril au niveau international.

De ce fait, l’inflation, qui est corrélée au cours du baril au niveau international, aura des répercussions sur le niveau des produits au Maroc. Certes, on parle d’une baisse très minime, d’une stagnation de l’inflation, mais tout cela reste à redéfinir et à revoir dans les mois à venir à cause de cette crise au Moyen-Orient», affirme Jadri.

Les produits alimentaires, principal moteur d’inflation cumulée
Par grandes catégories, une nouvelle fois, ce sont les produits alimentaires qui constituent le principal moteur de cette inflation cumulée, affichant une progression de 2,3% (indice moyen de 131,6 en 2025 contre 128,6 en 2024).

Pour les produits non alimentaires, quant à eux, ils contribuent également à la hausse globale, mais dans une moindre mesure, avec une augmentation de 0,9% (indice moyen de 112,1 en 2025 contre 111,1 en 2024). Par divisions de produits (cumul de janvier à mai, 2025 vs. 2024), plusieurs augmentations remarquables ont été enregistrées sur les cinq premiers mois.

Parmi les plus importantes, les restaurants et hôtels (3,9%), le logement, eau, électricité et autres combustibles (3,3%), les boissons alcoolisées et tabac (3,2%), les produits alimentaires et boissons non alcoolisées (2,3%), l’enseignement (2,3%), les biens et services divers (1,7%) ainsi que les articles d’habillement et chaussures (0,9%).

S’agissant des baisses notables, une seule division enregistre une baisse significative sur la même période : le transport (-3,1%). Cette forte baisse est un facteur important qui a contribué à modérer l’IPC global cumulé.

Indice mensuel : l’IPC en baisse de 0,4% en mai 2025 par avril
En ce qui concerne l’indice mensuel de mai 2025 en comparaison avec avril 2025, l’analyse de l’évolution mensuelle permet de saisir la dynamique la plus récente des prix. Le mois de mai s’est caractérisé par une légère déflation globale, due essentiellement à l’abstention du sacrifice traditionnel de l’Aïd al-Adha.

Dans l’ensemble, l’IPC a connu une diminution de 0,4% en mai 2025 par rapport à avril 2025, soit de 119,0 points contre 119,5. C’est la première indication d’une détente sur le front des prix en mai. Par grandes catégories, cette baisse mensuelle est principalement le résultat de la diminution des prix des produits alimentaires, dont l’indice a reculé de 0,8%. Les produits non alimentaires, quant à eux, ont également contribué à cette déflation mensuelle, mais très légèrement, avec une baisse de 0,1%.

Par divisions de produits, les produits alimentaires ont affiché un léger recul, notamment les légumes (-2,1%), poissons et fruits de mer (-1,7%), viandes (-1,5%) et lait, fromage et œufs (-1,0%) en plus du pain et céréales (-0,3%), huiles, graisses et fruits, (-0,3%).

À noter qu’une seule division alimentaire a enregistré une progression, il s’agit du café, thé et cacao (0,8%). La baisse mensuelle de l’IPC en mai est donc principalement expliquée par une diminution généralisée des prix des principaux groupes de produits alimentaires frais ou de première nécessité (légumes, viandes, poissons, produits laitiers, etc.), complétée par une baisse notable des prix des carburants.

Villes : les baisses les plus importantes de l’IPC
Par villes, les baisses les plus fortes de l’IPC ont été enregistrées à Béni-Mellal avec 1,5%, à Safi (1,2%), à Tanger (1,1%), à Kénitra et Errachidia (0,7%), à Fès (0,5%), à Oujda (0,4%), à Casablanca, Rabat et Dakhla (0,3%) et à Tétouan et Guelmim (0,2%). En revanche, des hausses ont été enregistrées à Laâyoune et Al-Hoceima avec 0,2% et à Marrakech (0,1%).

Par ailleurs, l’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix très volatils (souvent alimentaires) et ceux soumis à tarifs publics administrés, connaît une stagnation en prenant en considération l’évolution mensuelle.

Toutefois, sur une base annuelle, l’indicateur d’inflation sous-jacente enregistre une augmentation de 1,1%. Cela confirme que la tendance de fond des prix, hors éléments perturbateurs, est toujours haussière sur un an, bien que cette progression (+1,1%) soit significativement plus élevée que l’inflation globale annuelle (+0,4%). Ceci met en évidence le rôle déflationniste du transport dans l’IPC global annuel.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



Informel : derrière les chiffres du HCP


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page