Maroc

Agriculture : des résultats probants pour Al Moutmir

Dans un contexte de sécheresse et de variabilité climatique, l’initiative Al Moutmir, portée par l’UM6P et la Fondation OCP, confirme son rôle d’accélérateur de transformation agricole. Avec 1.102 plateformes de démonstration installées en 2024/2025, elle prouve l’efficacité d’itinéraires techniques innovants – semis direct, fertilisation raisonnée, gestion de l’eau – et renforce la résilience et la rentabilité des exploitations.

Dans un contexte marqué par une forte variabilité climatique et la nécessité de concilier productivité et durabilité, l’initiative Al Moutmir poursuit son rôle de catalyseur de transformation agricole. Portée par l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et son Collège de l’agriculture, et développée en partenariat avec la Fondation OCP, elle a présenté, vendredi à l’UM6P de Ben guerir, les résultats de son offre de Plateformes de démonstration (PFD) dédiées aux céréales et légumineuses pour la campagne 2024/2025.

Ces résultats confirment l’efficacité d’une conduite technique raisonnée, intégrant fertilisation équilibrée, semis direct, gestion rationnelle de l’eau et protection intégrée des cultures. Ils révèlent également la pertinence d’une approche qui place l’innovation scientifique au cœur du terrain agricole.

1.102 plateformes installées à travers le Royaume
Au total, 1.102 plateformes de démonstration ont été mises en place sur les céréales et légumineuses. Couvrant 24 provinces et quelque 120 communes, elles impliquent directement 275 agriculteurs. L’impact du dispositif va bien au-delà, puisque plus de 3.000 agriculteurs supplémentaires ont été touchés indirectement via les écoles aux champs, les formations théoriques et les outils numériques, notamment l’application @tmar.

Ces plateformes, véritables laboratoires à ciel ouvert, permettent aux agriculteurs de comparer leurs pratiques traditionnelles avec des itinéraires techniques optimisés. Elles constituent ainsi un outil de transfert concret de la recherche scientifique vers les exploitations agricoles.

La campagne 2024/2025 a été marquée par des conditions climatiques particulièrement difficiles : une longue période de sécheresse, entre septembre et février, suivie de pluies tardives au printemps. Malgré ces contraintes, les résultats des PFD se sont révélés prometteurs. Pour les céréales, les rendements ont progressé de +21% à +23% par rapport aux parcelles témoins.

Pour les légumineuses, l’amélioration s’est située entre +26% et +33%. Pour leur part, les plateformes conduites en semis direct ont enregistré jusqu’à +20% de gain par rapport aux pratiques conventionnelles. Ces performances sont d’autant plus notables qu’elles interviennent dans un contexte de déficit hydrique, confirmant la résilience accrue des itinéraires techniques proposés.

Semis direct : un levier stratégique
Parmi les 1.102 plateformes installées, plus de 600 sont dédiées au semis direct, pratique désormais au centre de la stratégie d’Al Moutmir. Cette technique, en limitant le travail du sol et en favorisant la conservation de l’humidité, constitue une réponse concrète aux enjeux liés à la raréfaction des ressources en eau et à la dégradation des sols.

Les résultats enregistrés lors de la campagne montrent que le semis direct n’est pas seulement un levier agronomique, mais aussi un facteur de résilience économique. En réduisant les coûts de mécanisation et en optimisant l’usage des intrants, il contribue à améliorer la rentabilité des exploitations. Les marges bénéficiaires observées sur les parcelles optimisées affichent une hausse comprise entre +33% et +54% par rapport aux parcelles témoins.

L’Integrated crop program, colonne vertébrale du dispositif
Les PFD sont conduites selon le référentiel de l’Integrated crop program (ICP), qui repose sur quatre piliers. Le premier est celui de la fertilisation raisonnée, basée sur des analyses de sol effectuées par les laboratoires mobiles et le laboratoire central de l’UM6P. Les recommandations sont ensuite traduites en solutions sur mesure grâce au Smart blender, qui produit des engrais adaptés à chaque sol et culture.

Le deuxième pilier est celui de la protection intégrée des cultures, privilégiant des interventions ciblées et raisonnées. Le troisième pilier concerne la gestion rationnelle de l’eau, essentielle dans un contexte de stress hydrique. Le 4e et dernier pilier est relatif à l’utilisation de solutions spécialisées, pensées pour répondre aux besoins spécifiques de chaque culture.

Ce référentiel constitue un cadre pratique et reproductible, qui renforce la durabilité des systèmes de production et facilite le transfert de technologie vers les exploitants.

Coté formation, les plateformes de démonstration jouent un rôle central. Les écoles aux champs permettent ainsi une appropriation directe des bonnes pratiques, tandis que des sessions théoriques complètent la montée en compétences.

De son côté, le numérique, à travers @tmar, élargit encore plus l’impact du programme en diffusant conseils, alertes et solutions personnalisées à grande échelle. Ce dispositif multicanal consolide la relation de proximité entre Al Moutmir et les communautés rurales.

L’innovation au service de la résilience
La 17e édition de l’Al Moutmir Open innovation lab, organisée en ligne le 19 septembre 2025 à Benguerir, a permis de partager ses résultats avec près de 70 participants issus de l’écosystème agricole : institutionnels, chercheurs, agronomes, organisations professionnelles, industriels et agriculteurs.

Globalement, les échanges ont mis en avant plusieurs thématiques stratégiques : la Green génération, le Plan national de semis direct, la fertilisation raisonnée, la diversification comme réponse aux effets du changement climatique, ou encore les opportunités offertes par la séquestration du carbone. Des agriculteurs «champions» ont témoigné de leurs réussites, une preuve que l’adoption des PFD conduit à des améliorations concrètes et mesurables. Leurs témoignages donnent une idée sur l’impact direct des PFD.

Ainsi, Sabiri Hicham, de Beni Mellal, souligne l’importance des analyses de sol et de l’application @tmar pour optimiser la fertilisation et mieux gérer les maladies. De son côté, Tarek Abdo, de Sidi Kacem, a obtenu 32 qx/ha en blé tendre en semis direct, contre 26 qx/ha sur la parcelle témoin.

Pour sa part, Anouini Abdelkrim, de Khemisset, a amélioré ses rendements en lentilles grâce au suivi technique, atteignant 4,8 qx/ha malgré des conditions climatiques difficiles. Ces témoignages confirment que le programme ne se limite pas à une démonstration technique, mais agit comme un véritable facteur de confiance et de transformation pour les agriculteurs.

Avec leur boucle d’apprentissage continue (recherche, innovation et terrain), les plateformes de démonstration d’Al Moutmir s’imposent comme un modèle reproductible et évolutif. Elles démontrent que l’agriculture nationale, en s’appuyant sur la science et l’innovation, peut relever les défis du climat, de la sécurité alimentaire et de la durabilité. En mettant l’agriculteur au centre de la démarche, Al Moutmir confirme sa vocation : être le trait d’union entre le monde scientifique et le monde paysan, au service d’une agriculture productive, résiliente et durable.

Hafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



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