Maroc

Télécommunications : la voix mobile en perte de réseau

Le secteur marocain des télécommunications affiche une dynamique contrastée à la fin du premier trimestre 2025. Si le parc mobile poursuit sa croissance, les usages traditionnels reculent sensiblement. En parallèle, la consommation de données explose, portée par l’essor de la 4G, la généralisation de la fibre optique et la montée des usages Internet.

Les comportements des consommateurs ne cessent d’évoluer, notamment en termes d’usage numérique. Et les données arrêtées à fin mars 2025 par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) en donnent la parfaite illustration.

Ces dernières révèlent une transition profonde des habitudes de consommation, avec la voix qui décline au profit des données et l’investissement dans l’infrastructure très haut débit qui s’intensifie. Si les chiffres globaux affichent une stabilité apparente, une croissance modérée du parc mobile et une progression continue du nombre d’abonnés à Internet, ils traduisent en fait une profonde recomposition des équilibres technologiques et économiques.

La généralisation de la fibre optique, la montée en puissance de la 4G, le succès des applications de messagerie instantanée ou encore la multiplication des demandes de portabilité de numéro révèlent un consommateur plus exigeant, plus mobile et en quête de connectivité permanente.

Le volume des communications en chute
À travers l’analyse des différents segments (mobile, fixe, Internet et services aux entreprises), ce premier bilan trimestriel offre une photographie édifiante d’un secteur en pleine mutation. En effet, les chiffres indiquent que le parc mobile national s’élève désormais à 57,39 millions de souscriptions, soit une progression de 3,91% en glissement annuel. Une croissance tirée par les abonnements postpayés (+9%), loin devant les offres prépayées, historiquement dominantes mais en hausse limitée (+3,17%).

Cependant, cette progression du nombre d’abonnés ne masque pas le recul significatif des usages. Le volume de communications sortantes sur le réseau mobile a chuté de 11,68% par rapport au premier trimestre 2024, pour s’établir à 10,4 milliards de minutes. L’usage mensuel moyen par abonné poursuit sa décrue, atteignant 605 minutes contre 711 minutes un an auparavant.

La désaffection est plus prononcée chez les clients prépayés, dont la consommation moyenne est tombée à 27 minutes par mois. Ce repli s’inscrit dans une tendance structurelle liée à l’essor des applications dites OTT (Over the Top), comme WhatsApp ou Messenger, qui supplantent progressivement la téléphonie traditionnelle. Une évolution confirmée par la baisse des SMS envoyés, en recul de 17,6%.

Internet monte en flèche
À rebours de cette érosion des usages vocaux, les services Internet, fixes comme mobiles, poursuivent leur ascension. Le parc global d’abonnés Internet a franchi la barre des 39,9 millions à fin mars, affichant un taux de pénétration de 108%.

L’Internet mobile, en particulier, progresse de 3,95%, porté par une base de 34,18 millions d’utilisateurs 4G. L’usage mensuel moyen s’établit désormais à 12,6 Go par abonné. Mais c’est du côté du fixe, longtemps à la traîne, que les mutations sont les plus marquées. Le parc FTTH (fibre jusqu’au domicile) a bondi de 22,7% en un an pour dépasser les 1,13 million d’abonnements, représentant désormais plus de 41% des connexions Internet filaires.

Cette accélération traduit une bascule progressive du modèle cuivre vers les réseaux très haut débit, en phase avec les standards internationaux. La téléphonie fixe, souvent reléguée au second plan, connaît un regain relatif. Avec 4,28 millions d’abonnements, le parc affiche une hausse annuelle de 6,75%, tandis que le trafic sortant a bondi de près de 50% sur un an. Les services aux entreprises, notamment les liaisons de données, demeurent stables, avec un parc de 38.727 abonnements, dominé à 87% par les solutions VPN-IP.

Enfin, le segment des noms de domaine en «.ma » a progressé de 4,5%, dépassant les 125.000 noms enregistrés, témoignant d’une dynamique modérée mais constante dans le numérique national. En somme, le secteur télécom marocain confirme sa mue, avec moins de voix, plus de données et un recul des usages classiques compensé par une infrastructure Internet en pleine modernisation. Reste à voir si cette transformation s’accompagnera d’une refonte des modèles économiques des opérateurs, confrontés à l’érosion des revenus traditionnels.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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