Complexe sportif de Fès : une vitrine de l’expertise architecturale marocaine

Après 13 mois de travaux intenses, le complexe sportif de Fès présente son nouveau visage, résultat d’une réhabilitation complète visant à optimiser sa fonctionnalité et sa conformité aux exigences internationales. Cette réalisation, portée par l’expertise marocaine, offre à la capitale spirituelle une infrastructure prête à relever les défis des grandes manifestations sportives.
La ville impériale de Fès s’apprête à marquer une nouvelle page de son histoire sportive avec la métamorphose de son complexe sportif. Au terme d’une période de travaux intensifs, cette infrastructure majeure se présente sous un jour nouveau, incarnant non seulement une ambition sportive renouvelée mais aussi une démonstration tangible des capacités marocaines en matière de conception et de réalisation architecturales.
Ce projet, piloté par la Société nationale de réalisation et de gestion des équipements sportifs (SONARGES), en tant que maître d’ouvrage, et l’Agence nationale des équipements publics (ANEP), en qualité de maître d’ouvrage délégué, s’inscrit dans une vision globale de développement des infrastructures sportives nationales, répondant aux standards internationaux les plus exigeants.
Vision stratégique et mobilisation exemplaire
La réhabilitation et la modernisation du complexe sportif de Fès sont le fruit d’une synergie institutionnelle et d’une mobilisation de compétences nationales. Comme l’a souligné Mohammed Anass Erghouni, directeur de la région Fès auprès de la SONARGES, cette réalisation a été menée à bien «grâce aux hautes orientations du Roi Mohammed VI, ainsi qu’à la synergie et à l’implication de plusieurs entités».
Parmi celles-ci, figurent le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, le ministère des Finances, la Fédération royale marocaine de football, et la wilaya de la région Fès-Meknès, aux côtés des maîtres d’ouvrage.
Le projet a nécessité environ 13 mois de travaux intensifs, mobilisant plusieurs entreprises, un bureau d’études et un cabinet d’architecture marocains. Plus de 7.000 ouvriers, majoritairement issus de la ville de Fès, ont contribué à ce chantier, cumulant plus de sept millions d’heures de travail. Cette démarche témoigne d’une volonté affirmée de valoriser les ressources humaines et les savoir-faire locaux.
Conception architecturale : fonctionnalité, sécurité et intégration
L’un des défis majeurs de cette rénovation résidait dans l’optimisation de la fonctionnalité et de la sécurité, tout en intégrant des éléments esthétiques en harmonie avec l’identité de Fès.
Rachid Andaloussi, architecte mandataire du groupement chargé de la rénovation, a mis en exergue l’attention particulière portée à «la disposition spatiale des accès et de la circulation interne qui engendrait un croisement des flux stratégiques tels que joueurs, officiels, VIP, VVIP, médias et publics».
Cette organisation minutieuse est capitale pour la gestion des événements de grande ampleur. Fikri Benabdallah, architecte au sein du même groupement, a précisé que son expérience dans la restauration de monuments fassis emblématiques, tels que la mosquée Al-Qarawiyyin et le Foundouk Al-Najjaryn, a «nourri l’approche» et «constitué une matrice naturelle pour définir l’image principale du complexe, notamment l’élément de façade». Un bâtiment régulateur en front de ligne a été conçu pour accueillir et redistribuer de manière ordonnée les différents flux, évitant ainsi leur interférence.
L’intégration de «tracés régulateurs inspirés du riche registre patrimonial fassi» dans les espaces intérieurs et extérieurs vise à créer un dialogue entre tradition et modernité.
Des infrastructures modernisées aux standards internationaux
Le complexe sportif rénové offre désormais une capacité générale de 35.000 sièges, incluant 12 sièges officiels, 207 places VVIP, 800 places VIP, 92 loges «Skyboxes Hospitality» et 198 positions pour les médias. Selon Imane Bensaih, architecte au sein de la SONARGES, les travaux ont été encadrés par le cahier des charges et les normes de la Confédération africaine de football (CAF), avec un accent sur «l’aspect sécuritaire, l’accessibilité au complexe, ainsi que le confort des spectateurs».
Dans ce sens, Erghouni, directeur du complexe, a mis en avant la capacité opérationnelle du complexe, conçu pour accueillir jusqu’à deux matches dans la même journée grâce à une organisation logistique optimisée. Le stade dispose de quatre vestiaires et d’une salle de conférences.
En matière de sécurité, un système de surveillance de pointe comprenant plus de 520 caméras, dont des modèles PTZ avec reconnaissance faciale et des systèmes de reconnaissance de plaques d’immatriculation, a été déployé. Cette infrastructure est connectée aux services de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), garantissant un niveau de protection conforme aux standards internationaux.
Une réalisation «Made in Morocco» : affirmation d’une expertise nationale
Le caractère intégralement marocain de cette réalisation fait l’unanimité parmi les acteurs du projet. Fikri Benabdallah affirme sans réserve que «ce stade est intégralement «Made in Morocco», et ce, de la maîtrise d’ouvrage, financée par des fonds publics dans le cadre des orientations royales, jusqu’à la réalisation finale».
Cette expertise nationale couvre la définition du programme, la conduite des travaux, les entreprises de construction, les architectes, les bureaux d’études et l’ensemble des intervenants techniques.
Rachid Andaloussi abonde dans ce sens, soulignant que le projet a été entièrement réalisé par des mains et des esprits marocains, y compris les matériaux. Il a également salué le niveau de compétence de la main-d’œuvre marocaine, qui «a élevé son niveau» et «acquis de nouvelles expériences».
Cette réussite est perçue comme une démonstration de la capacité du Maroc à «relever les défis technologiques et conceptuels les plus complexes» et à «mener à bien des projets d’envergure avec une maîtrise technique complète», souligne Benabdallah.
Perspectives et impact sur la ville de Fès
La rénovation du complexe sportif de Fès ne se limite pas à une simple mise à niveau infrastructurelle. Elle représente, selon les architectes impliqués, un «attribut contemporain qui enrichit architecturalement le patrimoine» de la ville.
Pour Rachid Andaloussi, cette réalisation s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation du pays, où les infrastructures modernes contribuent à «valoriser l’être humain marocain». Le complexe est désormais «opérationnel à 100%» et prêt à accueillir des manifestations sportives d’envergure, y compris des matchs de l’équipe nationale, dès à présent.
Au-delà de sa fonction première, ce stade rénové se positionne comme un symbole de la compétence marocaine, un lieu de rassemblement moderne pour la population et un vecteur d’image positive pour Fès et pour le Royaume sur la scène internationale. Il incarne la vision d’un Maroc qui investit dans son développement et dans la valorisation de ses talents.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO