Edito. Mutation silencieuse mais décisive

En fêtant ses 65 ans d’existence en fin de semaine dernière, l’Inspection générale des finances (IGF) se tourne résolument vers l’avenir. À travers un symposium international consacré à l’audit interne à l’ère de l’intelligence artificielle, l’IGF a posé les jalons d’une nouvelle phase dans la gouvernance publique marocaine. Celle de l’audit augmenté.
De plus en plus utilisé dans les cercles institutionnels, ce terme désigne bien plus qu’une évolution technique. Il reflète un changement de posture.
L’intelligence artificielle permet d’analyser des masses de données, d’identifier des signaux faibles et de produire des scénarios prédictifs. Mais cette puissance algorithmique impose une contrepartie. L’humain doit rester en contrôle.
L’auditeur de demain ne sera plus seulement un expert des chiffres, il devra aussi analyser les systèmes, interroger les outils, en vérifier l’équité et garantir leur conformité aux principes de transparence et d’intégrité. Le véritable enjeu sera de former une nouvelle génération de professionnels aptes à conjuguer rigueur technique et vigilance éthique.
Le Maroc ne cache pas ses ambitions. La création du Cercle des inspections générales africaines et la coopération engagée avec le PNUD pour un pôle IA arabo-africain témoignent d’une volonté affirmée de jouer un rôle structurant à l’échelle continentale. Un positionnement qui repose autant sur l’expérience acquise que sur la capacité à anticiper les défis.
Cette transition ne pourra aboutir sans un socle solide. D’où la nécessité de mettre en place un cadre juridique en constante adaptation, des dispositifs de formation ciblés et une gouvernance capable de concilier innovation et responsabilité. L’enjeu est de garantir que l’IA reste au service de l’intérêt général, et non l’inverse.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO