Maroc

Finances publiques : les dépenses freinent la cadence

Malgré un léger excédent budgétaire enregistré à fin mars 2025, la situation des finances publiques marocaines révèle une pression croissante sur les équilibres budgétaires. Si les recettes fiscales affichent une progression remarquable, portée par une régularisation massive et une meilleure collecte, les dépenses ordinaires restent dopées par la masse salariale, les charges d’intérêts et les achats de biens et services.

La situation budgétaire du Maroc, à fin mars 2025, révèle une dynamique contrastée. À première vue, l’État affiche un léger excédent de 753 millions de dirhams, mais cet équilibre fragile masque une réalité plus complexe. Une performance modeste, surtout si l’on considère les 9,4 milliards engrangés un an auparavant.

Pourtant, le contexte paraît favorable avec le retour des pluies annonçant une campagne agricole prometteuse, ainsi que la résilience des activités non agricoles, notamment dans le bâtiment et travaux publics, l’industrie et le tourisme. Ce regain d’activité aurait pu renforcer les équilibres budgétaires. Il révèle au contraire une tension croissante entre la dynamique des recettes et celle, plus rapide encore, des dépenses.

L’analyse des chiffres publiés dans la Situation des charges et ressources du Trésor (SCRT) fait apparaître une hausse vigoureuse des recettes, mais aussi une accélération plus marquée encore des dépenses. Les recettes ordinaires ont atteint 107,5 MMDH à fin mars, en progression de 21,6% par rapport à 2024. Ce résultat représente 27,2% des prévisions de la Loi de finances, un rythme conforme aux attentes.

Cette performance est essentiellement due aux recettes fiscales, qui ont atteint 98,3 MMDH (+21,5%). Elle est principalement portée par l’impôt sur les sociétés (IS), en hausse de 33,8%, et l’impôt sur le revenu (IR), qui progresse de 43,7%. La TVA, autre pilier de la fiscalité, connaît une évolution plus nuancée. Si les recettes à l’importation augmentent de 9,5%, celles perçues sur la consommation intérieure reculent de 7,4%, illustrant un ralentissement de la demande domestique.

Par ailleurs, les remboursements de TVA ont atteint 8,9 MMDH, contre 4,4 MMDH un an plus tôt. Les recettes non fiscales progressent également, bien que de manière plus modeste, à 7,9 milliards (+27,3%) grâce, notamment, aux contributions importantes de Bank Al-Maghrib (3,6 milliards) et de l’Agence nationale de la conservation foncière (1 milliard). Ces flux exceptionnels ont permis de compenser la baisse de certaines recettes courantes. Toutefois, les dépenses publiques ont connu une envolée, atteignant 106,7 MMDH, soit une hausse de 35,1%.

Cette dynamique est nourrie par la progression des dépenses de biens et services (+34,8%) et des charges salariales (+13,8%), mais surtout par le poids croissant du service de la dette, dont les intérêts ont bondi de 65,3%. Le remboursement de la dette publique pèse désormais pour près de 10% des dépenses ordinaires. L’endettement intérieur a représenté à lui seul 24,3 MMDH, auquel s’ajoutent 6,8 MMDH issus de l’endettement extérieur.

Parallèlement, les dépenses d’investissement atteignent 27,8 MMDH, en hausse de 25,6% par rapport à mars 2024. Les charges communes s’élèvent à 15,9 MMDH, tandis que les émissions réalisées par les ministères atteignent 11,8 MMDH. Autre point notable, les comptes spéciaux du Trésor dégagent un excédent de 21,5 MMDH.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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