Maroc

Filières agricoles : à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles !

Face à une situation inédite, le département de l’Agriculture œuvre à renforcer la résilience du secteur agricole grâce à une série de mesures stratégiques et d’autres à caractère urgent. L’objectif est de redresser l’équilibre des filières concernées, de pérenniser l’activité agricole et de renforcer l’inclusion sociale pour réduire la vulnérabilité du secteur face aux aléas climatiques.

Confronté à une problématique de sécheresse sévère, le Maroc, avec près de 10 millions de personnes vivant dans le monde rural, tire une part non négligeable de ses revenus des activités agricoles. Or, celles-ci sont confrontées, ces six dernières années, à leur pire épisode de sécheresse.

Cette situation se caractérise par un déficit pluviométrique prolongé qui a mis à rude épreuve le secteur agricole, pilier de l’économie nationale. Pour rappel, celui-ci contribue à hauteur de 12% au PIB national et de 13% à la valeur des exportations totales.

Par ailleurs, il représente 70% de l’emploi rural et 30% de l’emploi national. En effet, la baisse critique des ressources en eau, visible à travers les niveaux historiquement bas des barrages et l’épuisement des nappes phréatiques, a entrainé une fragilisation économique et sociale des filières agricoles. Une situation qui a été accompagnée de facto par une perte d’emplois dans le monde rural. L’impact est donc multiple, affectant la production alimentaire, les revenus agricoles et la stabilité socio-économique des régions dépendantes de l’agriculture.

Face à ces enjeux, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a engagé des actions à caractère urgent pour redresser l’équilibre des filières agricoles. Il a également initié d’autres mesures stratégiques portant, essentiellement, sur la valorisation de l’eau d’irrigation et le développement de l’offre de l’eau agricole tant conventionnelle que non conventionnelle. Il s’agit, notamment, du dessalement de l’eau de mer pour réduire la vulnérabilité du secteur aux aléas climatiques.

Les mesures et actions d’urgence
Dans le détail, pour la filière céréalière, il a été procédé au semis direct d’un million d’ha et également à l’irrigation de complément d’un million d’hectares, en plus du soutien aux semences certifiées des céréales et aux engrais azotés.

S’agissant des filières animales, notamment le redressement de l’équilibre des filières animales et la reconstitution du cheptel national, le programme de réduction de l’impact du déficit pluviométrique a été mis en place. Il s’est traduit par l’acquisition de 20 millions de quintaux d’orge subventionnée avec un taux de réalisation de 73%, de huit millions de quintaux d’aliments composés pour bovin laitier (trois tranches ont été réalisées avec un taux de 83%, et la quatrième est en cours de programmation) ainsi que de l’abreuvement du cheptel à travers la création, l’aménagement et l’équipement des points d’eau.

Selon le ministère de tutelle, au fur et à mesure de l’évolution de la situation de la campagne agricole actuelle, d’autres tranches peuvent être programmées afin de répondre aux besoins des éleveurs en matière d’aliments de bétail. Pour la filière sucrière, le but est de faire de cette saison 2024-25 une campagne normale des cultures sucrières dans les périmètres irrigués sachant que 27.000 ha sur 45.000 sont irrigués par les eaux des barrages.

Dans ce sens, le département de l’Agriculture a reconduit la deuxième augmentation des prix de 80 DH/T pour la betterave à sucre et de 70 DH/T pour la canne à sucre ainsi que la convention avec Fimasucre sur les engrais azotés.

Feuille de route de l’emploi : 15 MMDH et 1,45 million de nouveaux postes
En ce qui concerne la question de la perte d’emplois (137.000 postes d’emploi en 2024 au niveau national, résultant d’une perte de 146.000 en milieu rural), le ministère de l’Agriculture table, pour inverser cette tendance, sur la feuille de route gouvernementale d’un budget de 15 milliards de dirhams (MMDH). Celle-ci repose sur l’ambition de ramener le taux de chômage à 9% d’ici 2030 et de générer 1,45 million de nouveaux emplois.

La structure de l’emploi agricole est caractérisée par une diversification des filières de production qui contribuent à la création d’emplois agricoles. L’enveloppe de 15 MMDH sera répartie, selon le ministère, comme suit : 12 MMDH pour stimuler l’investissement, 2 MMDH pour l’amélioration de l’efficience des programmes de promotion de l’emploi et 1 MMDH pour soutenir le monde rural face aux effets de la sécheresse.

Cette dernière enveloppe de 1 MMDH vise principalement le lancement d’un programme de soutien aux zones touchées par la sècheresse à travers, entre autres, la sélection de projets à fort potentiel dans les zones rurales les plus affectées et la mise en place d’une plateforme électronique d’emploi agricole afin de mieux coordonner l’offre et la demande de main-d’œuvre, optimisant ainsi la gestion des ressources disponibles. Ces mesures permettront une reprise progressive de l’activité agricole, créant ainsi un levier direct pour la dynamisation de l’emploi rural.

L’appui à l’emploi dans le secteur ne se limite pas à une réponse conjoncturelle mais s’inscrit dans une approche structurelle et inclusive, selon le ministère. En effet, l’analyse de la structure de l’emploi agricole montre une contribution de l’arboriculture à hauteur de 34%, de l’élevage à 30% et du maraîchage à 15%. Les 21% restants sont répartis entre les céréales (10%) et les autres cultures ainsi que les services annexes à l’agriculture.

Sur le plan économique, l’analyse de l’évolution du PIB agricole et de sa structure fait ressortir une diversification des filières de production, traduisant ainsi une certaine résilience du secteur face aux aléas climatiques et aux chocs conjoncturels. Malgré les conditions climatiques défavorables qui ont impacté l’équilibre des filières animales, le secteur de l’élevage contribue, selon le ministère de tutelle, à 35% de la valeur ajoutée agricole. Les parts de l’arboriculture, du maraîchage et des céréales dans la valeur ajoutée atteignent, respectivement, 20%, 14% et 11%.

Le tissu coopératif : un soutien constant
Par ailleurs, le tissu coopératif, qui joue un rôle essentiel dans l’économie rurale, a bénéficié du soutien accordé à cette activité de l’économie sociale et solidaire. Dans ce cadre, plusieurs actions ont été mises en œuvre, dont l’appui aux coopératives agissant dans le domaine des produits du terroir via la construction, l’aménagement et la réhabilitation des unités de production et de valorisation.

L’objectif est de mettre à niveau les groupements bénéficiaires, d’intensifier et de diversifier la production, et d’améliorer sa qualité pour répondre aux exigences du marché, conformément aux normes de qualité et de sécurité sanitaire. Il s’agit aussi du soutien à la création de quatre magasins spécialisés regroupant 48 groupements (125 coopératives et quelque 4.253 petits agriculteurs, dont 52% des femmes), ainsi que de l’installation de deux kiosques coopératifs à Agadir et Rabat au profit de 96 groupements (250 coopératives et 6.200 agriculteurs, dont 52% de femmes).

Pour l’obtention de l’usage du label «Terroir du Maroc», il a bénéficié à 342 groupements (601 coopératives et 15.847 agriculteurs, dont 36% des femmes). À cela s’ajoute la mise en place d’une plateforme e-vitrine (www.terroirdumaroc.gov.ma) avec des boutiques dédiées pour 200 groupements (382 coopératives et 11.672 agriculteurs, dont 45% de femmes). Outre l’accompagnement, à travers l’encadrement et la formation technique, managériale et commerciale au profit des coopératives, le tissu coopératif a bénéficié du soutien à la labellisation des produits pour en améliorer la valeur.

À signaler enfin la construction et l’équipement de complexes dédiés à la valorisation, l’exposition et la commercialisation des produits de terroir ainsi que le soutien aux organisations professionnelles. Le but étant d’améliorer la commercialisation et la promotion des produits du terroir au niveau des salons et manifestations sur les plans régional et national ainsi qu’à l’international.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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