Conventions collectives : un levier sous-estimé

Alors que le Maroc cherche à consolider la stabilité du climat social et son attractivité pour les investissements, les conventions collectives s’imposent comme un outil stratégique encore trop peu exploité. Entre nécessité de régulation et volonté d’adaptation aux réalités du terrain, ces accords peinent à se généraliser. Pourtant, des initiatives comme celle de Zine Capital Invest démontrent qu’un dialogue social structuré peut devenir un véritable levier de performance durable.
Dans un paysage économique en constante évolution, les conventions collectives se révèlent comme des instruments essentiels à la régulation des relations professionnelles. Afin d’instaurer une dynamique de dialogue social efficace, ces accords façonnent un cadre de référence permettant d’assurer une distribution équilibrée des droits et des devoirs au sein des entreprises. Véritables leviers de stabilité, elles jouent un rôle crucial pour prévenir les tensions, instaurer une confiance mutuelle et poser les bases d’une paix sociale indispensable à la compétitivité de l’économie.
Paix sociale
Loin d’être de simples outils juridiques, les conventions collectives incarnent une volonté partagée de construire des espaces de travail harmonieux, où négociations et compromis viennent contrebalancer les conflits potentiels d’intérêts.
C’est ainsi que le groupe Zine Capital Invest, qui emploie plus de 3.000 collaborateurs, a conclu neuf conventions collectives avec le syndicat le plus représentatif de l’ensemble de ses filiales. Ces accords, conclus avec le concours du ministère de l’Inclusion économique, visent à favoriser la stabilité sociale au sein de l’entreprise pour une durée de trois ans, renouvelable tacitement.
«C’est le fruit d’un travail de fond, long et exigeant, qui se concrétise aujourd’hui. Ces conventions collectives permettent, en fait, d’ancrer la paix sociale entre employés et employeurs. Il est également question d’instaurer une nouvelle culture basée sur le dialogue. L’objectif est de concrétiser une approche win-win qui s’inscrit dans la pérennité de l’entreprise», se félicite le top management de Zine Capital Invest.
Message fort
Pour sa part, Hicham Sabiry, secrétaire d’État à l’Emploi, indique que la notion de convention collective repose sur des dispositions sociales, au-delà du Code du travail. Elle permet aux deux parties de fixer les conditions de travail dans le respect du cadre législatif, ce qui en fait une loi hybride. C’est également un message fort qui est adressé aux antennes syndicales ainsi qu’aux entreprises aspirant à évoluer dans des conditions sociales sereines. Des initiatives louables et dont les retombées aussi bien économiques que sociales ne sont pas des moindres, à en croire les professionnels.
Dans la même logique, Hicham Zouanate, président de la commission sociale de la CGEM, estime que ce genre d’initiatives devrait se multiplier. «Pour arriver à ce stade, l’entreprise témoigne d’une grande maturité. Ces conventions collectives rentrent dans un schéma de négociation sociale qui relève de ce qu’on appelle le droit conventionnel.
Le Maroc compte environ une centaine de conventions collectives, ce qui reste timide en comparaison avec d’autres pays. À titre d’exemple, il y a 4.000 conventions collectives au Danemark. En raison d’un Code du travail difficilement amendable, il serait plus judicieux d’opter pour ce genre d’accord», insiste-t-il. Toutefois, l’organisation sectorielle demeure l’un des freins à la conclusion de ces conventions. Pour y parvenir, les fédérations ont un rôle à jouer.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO