Edito. “Fintech publique”
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La Direction générale des impôts (DGI) accélère sa mue. Ce qui relevait hier encore d’une ambition lointaine est aujourd’hui une réalité tangible : l’administration fiscale veut s’ériger en modèle d’innovation et de transparence. Facturation électronique, rescrit fiscal, data science appliquée au contrôle : en moins de trois ans, l’impôt a changé d’ère, avec des résultats éloquents.
Derrière cette modernisation, une vision : rendre la fiscalité plus efficiente sans alourdir la contrainte pour les contribuables.
En clair, maximiser les recettes en réduisant la fraude, mais sans entraver l’investissement. La clé de cette équation réside dans une digitalisation qui ne se limite plus à l’automatisation des tâches, mais qui s’appuie sur l’intelligence artificielle et le traitement massif des données.
La DGI ne se contente plus de collecter l’impôt : elle anticipe les risques, croise les informations bancaires, détecte les anomalies et optimise les contrôles.
Avec 70 projets technologiques en cours, l’administration fiscale adopte une logique de «fintech publique», misant sur la transparence et la prévisibilité pour asseoir son efficacité. La facturation électronique en est l’illustration parfaite : en supprimant toute possibilité de manipulation a posteriori, elle renforce la traçabilité des transactions et limite la fraude à la TVA.
De leur côté, les entreprises gagnent en sécurité juridique, grâce au rescrit fiscal et au droit à l’erreur, deux outils qui témoignent d’un changement de paradigme. Reste un défi majeur : transformer cette avancée technique en un nouveau contrat de confiance entre l’État et les contribuables.
L’efficacité ne suffit pas, il faut l’adhésion. Car si la fiscalité devient un levier de compétitivité et non plus une contrainte administrative, alors cette réforme ne sera pas qu’une révolution technologique. Elle marquera un tournant économique pour le pays.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO