Crédits : comment l’offre façonne-t-elle la croissance ?
Bank Al-Maghrib se penche sur la dynamique de l’offre de crédit en relation avec l’activité économique. Son analyse montre que les fluctuations de la capacité des banques à prêter (chocs d’offre) ont un rôle déterminant sur les cycles économiques depuis deux décennies.
Quel impact des chocs d’offre de crédit – c’est-à-dire les variations dans la capacité des banques à prêter – sur l’économie marocaine ? Un récent rapport de Bank Al-Maghrib apporte une réponse concrète en analysant les effets de ces chocs sur le PIB.
D’après le rapport de BAM, ils ont joué un rôle déterminant dans les cycles économiques du pays au cours des deux dernières décennies. Dans le détail, les résultats montrent que les chocs d’offre de crédit ont contribué de manière prononcée à la forte croissance des crédits bancaires de la fin des années 2000 avec les améliorations économiques ayant influencé la demande de crédit.
L’étude confirme que ces chocs ne sont pas des phénomènes marginaux mais des forces motrices qui façonnent l’activité économique. Liés aux conditions de financement des banques et à leur propension à prêter, ils ont eu un impact marqué sur les volumes de crédits.
La contribution des chocs d’offre
À la fin des années 2000, la contribution des chocs d’offre au volume de crédit a culminé à 60%, signe visible d’une expansion du crédit alimentée par les conditions de financement des banques et l’influence de l’offre. Ainsi, la contribution de ces chocs s’est normalisée autour de 30% au cours de la dernière décennie à des niveaux communément observés dans la zone Euro. Il ne sont pour autant pas à ignorer, même en période de croissance modérée.
En ce qui concerne la croissance du PIB, la contribution des chocs d’offre de crédit a augmenté de manière continue au cours de la même période, de 2,5% à 4%, indiquant une financiarisation croissante de l’économie marocaine. Cette financiarisation est devenue, avec l’accès facilité au crédit, un facteur déterminant de la croissance.
Par ailleurs, les résultats du modèle suggèrent que les chocs d’offre de crédit ont un impact très prononcé sur le volume des crédits bancaires. Sur ce registre, l’étude validée par des analyses de robustesse souligne que la reconnaissance de ces chocs en tant que force motrice est cruciale pour les décideurs afin de mieux comprendre la dynamique des prêts et de prendre des mesures appropriées en vue d’améliorer la stabilité financière tout en encourageant la croissance économique durable.
Le rôle du taux directeur dans la dynamique des crédits
Selon l’analyse de robustesse effectuée sur les résultats, le taux directeur diminue en réponse à un choc d’offre globale expansionniste. Quant au taux débiteur, il diminue en réponse à un choc de politique monétaire, également expansionniste. De ce fait, les réponses impulsionnelles d’un choc d’offre de crédit sont presque identiques à celles obtenues avec le modèle de référence (SVAR).
Dans ce sens, la hausse du taux directeur et les réactions sur les variables financières soulignent le rôle prépondérant du taux directeur dans la dynamique des crédits. Un choc d’offre agrégée se traduit par une baisse de l’inflation et une hausse de la croissance à court terme. Les chocs d’offre de crédit sont les chocs structurels ayant l’impact le plus prononcé sur le volume des crédits bancaires. Ils sont suivis par les chocs de demande et de politique monétaire. Les chocs d’offre agrégée ont un impact direct moins prononcé sur le volume des crédits.
Par rapport aux autres chocs, les chocs d’offre de crédit ont une influence plus forte sur les autres variables. Ce résultat peut s’expliquer par la durée du cycle financier au Maroc, qui est plus longue que celle du cycle réel.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO