Said Karouk : “On ne peut pas dire comment la situation va évoluer”
Said Karouk
Climatologue
Elle avait bien démarré, mais la campagne agricole commence à inquiéter après un mois de novembre moins pluvieux, marqué par des vagues de chaleur. Selon les climatologues, les conditions d’une bonne pluviométrie ne sont pas encore réunies pour un retour rapide des précipitations.
Comment jugez-vous l’évolution actuelle de la campagne agricole, notamment en termes de chute des pluies ?
La campagne agricole ne dépend pas uniquement de la pluie, mais aussi de la température, des ressources en eau, des endroits où l’on choisit de faire les cultures, ainsi que du choix de ces cultures. Il ne faut pas, non plus, omettre de mentionner les efforts réels qui sont déployés sur le terrain.
Et justement, en parlant de ces efforts, nous avons l’impression que l’on répète les mêmes erreurs, parce que tout simplement, on ne prend pas vraiment en compte le point de vue des climatologues dans la gestion de cette problématique. Cela expose notre agriculture aux mêmes problèmes à chaque cycle de sécheresse.
Cette année encore, nous avons une campagne pluviale qui est alternée par des vagues de chaleur, et cela rend la situation compliquée.
Comment, selon-vous, la situation devrait-elle évoluer ?
Jusqu’à présent, on ne peut pas dire comment la situation va évoluer. Car là, on assiste à une situation qui n’est pas du tout stable. Elle est même vraiment très instable car on voit qu’il y a plus d’évaporation que de précipitations.
La saturation, nécessaire pour la chute de la pluie, ne se fait pas actuellement au-dessus du Maroc, mais surtout en Europe. Tout cela doit nous pousser à avoir une approche plus scientifique de ce phénomène et surtout inciter les responsables gouvernementaux à mieux collaborer avec les scientifiques et les climatologues nationaux.
Qu’entendez-vous par là ? L’approche doit être plus globale ?
Nous avons besoin que des décisions sérieuses soient prises. La prise en charge et la gestion de cette problématique de l’eau – et tout simplement du développement et de la stabilité environnementale – doit inclure les climatologues, afin de nous permettre d’éviter de répéter les mêmes erreurs. C’est cela qui va nous aider à mettre notre agriculture à l’abri de ces aléas climatiques.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO