Conjoncture : la demande intérieure compensera-t-elle une croissance au ralenti?
Les prévisions de croissance du HCP pour le quatrième trimestre ont été revues à la baisse. Elles passent des 2,8% attendus au troisième trimestre, à 2,5%. Toutefois, la conjoncture du quatrième trimestre sera décisive pour franchir la barre des 3%.
Fixé à 3,7% pour 2024 dans le cadre de la Loi de finances sur la base des éléments conjoncturels qui prévalaient, le taux de croissance a été revu à la baisse à 2,5% au quatrième trimestre 2024 en rythme annuel, au lieu des 2,8% attendus au troisième trimestre. C’est ce qui se dégage des perspectives de croissance du HCP pour le quatrième trimestre.
À noter que l’organisme, en charge de la production statistique et prospective, a déjà prévu un taux de croissance de 3% durant la même année au lieu de 3,4% en 2023, selon le budget économique exploratoire du HCP. Celui-ci avait en effet présenté une révision de la croissance économique nationale en 2024, ainsi que les perspectives pour l’année 2025.
De ce fait, la conjoncture du T4 – 2024 sera décisive quant à l’atteinte ou non de la barre des 3%. Quant à l’économie nationale, elle aurait enregistré, en variation annuelle, une progression de 2,8% au T4-2024, grâce à une poursuite de la reprise de la demande intérieure et à une hausse plus soutenue des exportations. Celles-ci auraient stimulé une amélioration de la valeur ajoutée de toutes les branches, à l’exception de l’agriculture et la pêche.
Au quatrième trimestre, le retour des branches secondaires vers un régime de croissance plus modéré et la poursuite de la baisse des activités primaires ramèneraient la croissance du PIB à 2,5% en rythme annuel. L’autre fait méritant d’être relevé, parallèlement à la poursuite de la reprise de la demande intérieure, est la reprise de l’inflation.
L’inflation reprend
Au troisième trimestre 2024, elle aurait légèrement repris, après avoir reculé pendant plusieurs trimestres, s’établissant à 1,2%, au lieu de 0,8% un trimestre plus tôt. À noter que le HCP table sur un niveau d’inflation de 1,8% en 2024 au lieu de 6,4% en 2023.
Dans le détail, cette reprise aurait été le résultat d’une hausse de 0,7%, après une baisse de 0,3% au trimestre précédent, des prix des produits alimentaires, atténuée en partie par le recul de l’évolution des prix des produits non-alimentaires, à hauteur de 1,4%, contre 1,6% enregistré au deuxième trimestre. Quant à l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’État et les produits à prix volatils, elle aurait, pour sa part, connu une légère progression, atteignant 2,4%, après 2,3% un trimestre auparavant, subissant un léger regain de sa composante alimentaire, sur fond d’une détente graduelle des prix des produits manufacturés et d’une quasi-stabilité du rythme d’évolution des frais de services.
En effet, la reprise de l’inflation alimentaire reflèterait, en grande partie, la remontée remarquable des prix des viandes (1 point de contribution), en raison de la poursuite de l’affermissement des prix des viandes rouges qui se serait conjuguée à l’augmentation sensible des prix de la volaille pendant la période estivale.
Aussi, cette évolution serait attribuable à une offre détériorée par des conditions météorologiques extrêmes, qui auraient considérablement affecté les élevages, réduisant la production des poussins et augmentant les coûts d’exploitation.
La tendance des prix des produits alimentaires tiendrait également, quoique dans une moindre mesure, à l’augmentation des prix des fruits frais (0,4 point) et de ceux des poissons frais (0,3 point). Toutefois, ces effets auraient été partiellement compensés par la baisse des prix des légumes frais (-0,7 point), découlant, principalement, du rétablissement de l’offre locale.
Au niveau des prix des produits non-alimentaires, le léger reflux de leur évolution aurait été tiré par celui des prix de l’énergie (4,2% contre 5% un trimestre précédent), malgré la hausse des prix du gaz, reflétant la baisse des prix des produits pétroliers de 2,3%, au lieu d’une hausse de 6,1% au deuxième trimestre.
Demande intérieure : coup de boost à la croissance
Par ailleurs, la demande des ménages demeure, dans les conditions actuelles, le moteur prépondérant de la croissance économique nationale. En effet, la reprise de la demande intérieure amorcée à la mi-2023 se serait affermie au troisième trimestre 2024, avec une hausse de 5%, au lieu de 4,3% en moyenne au premier semestre.
Malgré le redressement des prix alimentaires ayant ravivé les tensions inflationnistes, le pouvoir d’achat des ménages aurait conservé, selon le HCP, son évolution positive, grâce à une augmentation des revenus salariaux.
Le relèvement des transferts publics en faveur des ménages pauvres et l’amélioration des transferts extérieurs auraient, également, conforté la hausse des revenus des ménages, soumis sur l’ensemble de l’année 2024 au repli de l’activité en milieu rural. Les dépenses des ménages auraient profité principalement aux produits agroalimentaires, aux biens domestiques et, dans une moindre mesure, aux produits agricoles.
Globalement, la consommation des ménages aurait affiché une progression de 3,2% au troisième trimestre 2024, contribuant pour 2 points à la dynamique de la croissance économique globale.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO