Maroc

Micro-mobilité : la trottinette fait de plus en plus d’adeptes

Alternative prisée aux deux-roues classiques et aux moyens de transport public, la trottinette électrique gagne du terrain en dépit d’un vide juridique persistant. Reportage. 

C’est en traînant sa trottinette à plat le long d’une pente que Hassan énumère les avantages de son «bolide» : « c’est un moyen de transport agile, très économique, qui n’exige pas de parking, et ça trace», lance-t-il, avec un petit sourire narquois.

«En plus, je l’ai déjà entièrement amorti», s’exclame fièrement ce jeune homme qui dit parcourir à bord de sa patinette le trajet de Mabella, à Rabat, à l’un des quartiers populaires de Salé en une quinzaine de minutes.

Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour cet engin électrique, alternative prisée aux deux-roues classiques et au vélo. Cette planchette allongée, montée sur roues et munie d’un guidon, a réussi sa métamorphose d’un jouet pour enfants à un moyen de transport pratique, plébiscité de plus en plus par les adultes. Si elle séduit tant, c’est qu’elle répond à différents besoins. Pour certains, elle se substitue à un moyen de transport classique sur des trajets assez longs.

«Avant, je prenais le tramway pour me rendre de Maarif (Casablanca), au Hay Mohammadi, soit un parcours d’environ six kilomètres», explique Badr, visiblement conquis par sa trottinette flambant neuve.

Pour des trajets longue distance, elle se révèle complémentaire au mode de transport public, assurant l’équivalent du dernier kilomètre en transport de marchandises.

Mauvaise réputation
C’est d’ailleurs ce qui conditionne les choix de la trottinette, laquelle se décline en plusieurs modèles. Les plus fines sont conçues pour être transportées dans les trains. Les plus imposantes, pour chauffer le bitume. Plus rare, il y a aussi les gyropodes électriques, des sortes d’engins géants à grosses roues, équipées d’une petite plate-forme.

Cette capacité à répondre à plusieurs besoins est ce qui rend d’ailleurs difficile de ranger ce mode de transport urbain en une catégorie de transport spécifique et finit par alimenter un sentiment de confusion chez les gens. Une chose est sûre, la micro-mobilité a mauvaise réputation, souvent perçue comme un terrain propice aux trublions qui prennent un malin plaisir à perturber l’ordre.

Profitant du laxisme ambiant, les adeptes des trottinettes électriques dévalent la chaussée à toute allure, envahissent la voie publique, slaloment entre voitures et piétons, au point d’irriter parfois les usagers de la route et d’être à l’origine de brèves altercations ponctuées d’échanges tendus. Et comme les étiquettes ont la peau dure, certains finissent par écoper d’un avertissement verbal et se voient même menacés de se faire confisquer leur engin.

«C’est un fardeau de plus, qui s’ajoute au danger permanent que représentent les motos chinoises», s’indigne un automobiliste dans un bouchon de la métropole économique.

Incivisme et danger public
Il faut dire que le maintien du statu quo est la conséquence prévisible des abus du laisser-faire généralisé. Les adeptes des engins électriques à deux roues ne font que reproduire le comportement des conducteurs de scooters et mobylettes qui circulent librement partout (sur les trottoirs, rues, pavés…) sans limitation de vitesse.

«Les motos sur les trottoirs, c’est assez gênant. On ne se balade pas l’esprit tranquille», confie un touriste à Marrakech en décrivant son malaise vis-à-vis des deux roues.

«Si je n’avais pas eu mon contrat d’achat, le policier me l’aurait certainement confisqué», confie un usager en évoquant une récente remontrance des forces de l’ordre.

«C’est pour cela qu’il faut réglementer ce mode de transport pour que nous-mêmes, nous ne restions pas dans l’illégalité», estime-t-il.

Engins reconditionnés
Cet engouement pour la mobilité douce suit une tendance mondiale vers l’électrique, avec un taux de pénétration appelé à grimper avec le développement des infrastructures urbaines et, notamment, l’aménagement des voies cyclables.

Au Maroc, ce marché en constante expansion dispose d’une offre variée allant des modèles abordables aux produits haut de gamme. Xiaomi, l’un des leaders du secteur, propose des modèles populaires conçus pour les trajets urbains, un prix compétitif et une autonomie de 45 km. La marque, très présente à travers divers points de vente, offre un rapport qualité-prix satisfaisant pour des trajets quotidiens, selon les usagers.

D’autres enseignes se positionnent sur le segment plus “premium”, comme Dualtron, ou encore Ducati avec des modèles à haute performance capable d’atteindre 100 km/h et offrant une autonomie pouvant aller jusqu’à 170 km.

En parallèle, le marché des trottinettes reconditionnées gagne en popularité. Remises à neuf, elles offrent une alternative accessible tout en conservant une bonne performance. Débridées, certaines peuvent atteindre des vitesses fulgurantes, frôlant les 120 km/h ! Pourtant, en matière de prévention, le casque n’est toujours pas obligatoire…

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO

 


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