Maroc

Grève des dockers américains : quels impacts sur le Maroc ?

Des milliers de dockers américains ont entamé hier une grève ouverte dans au moins 14 grands ports de la côte Est des États-Unis. Un mouvement d’humeur qui, s’il persiste, pourrait impacter les exportations marocaines d’engrais, d’automobiles, tout en augmentant la demande de transbordement au niveau de certains ports.

«Si cette grève déclenchée aux États-Unis par les dockers américains dure seulement une semaine, ça passe, mais, au-delà, l’impact sera certain». C’est le président de l’Association des freight forwarders du Maroc (AFFM), qui s’exprime ainsi. Selon Rachid Tahri, la grève des dockers américains, qui a commencé hier dans au moins 14 grands ports de la côte est américaine, risque d’être ressentie jusqu’au Maroc.

«On a ressenti ce qui s’est passé récemment à Shanghai, donc c’est tout à fait normal de prévoir les répercussions de ce qui se déroule tout en face de l’autre côté de l’Atlantique», poursuit-il.

Selon celui qui est également secrétaire général de la Fédération du transport à la CGEM, «il faudrait s’attendre d’abord à des retards de livraisons, mais aussi, si la grève persiste, à une pénurie de conteneurs». Voilà qui vient subitement assombrir l’horizon du transport maritime, alors que l’on assistait avec enthousiasme à une baisse, depuis plusieurs semaines des tarifs du fret, avec notamment le conteneur 40 EVP qui a chuté jusqu’à 3.600 dollars sur l’axe Chine-Rotterdam.

Engrais, automobiles
« À ce rythme, je crois que l’on ne serait pas imprudent de prévoir une éventuelle nouvelle hausse des prix du conteneur», alerte aussi, de son côté, l’expert maritime, le professeur Najib Cherfaoui.

Par conséquent, conseille-t-il, «le Maroc doit d’ores et déjà anticiper cette perturbation éventuelle en réaménageant ses exportations vers le marché américain».

Du côté des États-Unis, on estime que le secteur automobile risque d’être l’un des plus impactés par ce mouvement d’humeur des dockers américains si la grève s’installe dans la durée. Les livraisons de pièces détachées via les ports de Baltimore et de Géorgie devraient connaître des perturbations.

À ce propos, il faut savoir que l’industrie automobile arrive en deuxième position des secteurs marocains exportateurs vers les États-Unis, avec une part de 11,4% (1,85 MMDH) en 2022, devant les dispositifs semi-conducteurs avec une part de 10,6% (1,73 MMDH). Quant aux engrais minéraux ou chimiques, ils arrivent en tête avec 3,35 MMDH, soit une part de 20,8% du total des exportations du Maroc vers les États-Unis.

«Aux États-Unis, beaucoup de ports desservent le Maroc, donc ces grèves, si elles dépassent deux semaines, pourront provoquer des perturbations», insiste le président de l’AFFM.

Il est à noter que la situation risque de devenir sérieuse, car les ports canadiens de Vancouver et de Montréal sont également confrontés à des mouvements de grève.

Transbordement
Par ailleurs, tout n’est pas forcément source d’inquiétudes sur les impacts de cette grève. Pour le Royaume, on risque, encore une fois, d’assister à une hausse de la demande transbordement, soutient le professeur Cherfaoui.

«Cela peut être synonyme d’encombrement dans certains ports marocains, notamment en termes de transbordement», déclare l’expert maritime.

On pense notamment à Tanger Med, et accessoirement au port de Casablanca, très sollicité lors du déclenchement de la crise en mer Rouge.

Pour rappel, le syndicat des dockers de 14 grands ports de la côte Est des États-Unis, qui ont commencé à débrayer tôt ce 1er octobre, après l’échec de négociations de dernière minute, s’est dit prêt à «se battre aussi longtemps que nécessaire». Près de 50.000 à 85.000 dockers sont concernés. Le cabinet Oxford Economics estime que chaque semaine de grève amputerait le PIB américain de 4,5 à 7,5 milliards de dollars. Pour sa part, le cabinet Anderson Economic Group (AEG) prévoit que la première semaine de débrayage devrait coûter 2,1 milliards de dollars.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO

 


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