Activité bancaire en Afrique : comment les banques marocaines performent-elles ?
Trois banques marocaines font partie du Top 20 africain des plus grands groupes bancaires continentaux. Mais en ce qui concerne leur performance, elle est jugée moyenne par rapport à ce qui se fait dans le secteur. C’est ce qu’indique un nouveau classement du secteur financier africain.
«Moins performantes que leurs pairs africains, les banques marocaines sont désormais en queue de peloton» dans le classement du Top300 des banques africaines les plus performantes. C’est ce qui ressort du classement 2024 du magazine Jeune Afrique. Et faisons bien la différence, ici, on ne parle pas des plus grandes banques africaines, mais plutôt de performance de ces groupes bancaires (voir plus bas).
Pour les banques marocaines, «leur rentabilité s’améliore significativement, que ce soit du côté du rendement de leurs fonds propres ou de leur efficacité opérationnelle», explique Ranya Gnaba, analyste financière chez AlphaMena, citée par Jeune Afrique.
Toutefois, poursuit la publication, ces banques «restent en ce domaine encore loin des standards du secteur en Afrique». Côté solvabilité, «leur stratégie de distribution de dividendes généreuse», qui les voit reverser «43% de leurs bénéfices en moyenne en 2023», les pénalise fortement sur cet item.
Performances moyennes
Selon les données de Jeune Afrique, les banques marocaines présentent une qualité de crédit en dessous de la moyenne de l’échantillon considéré.
«Notre classement est très sévère vis-à-vis des banques marocaines, ce qui est quand assez paradoxal, car si vous suivez l’actualité, vous voyez qu’elles font de bons résultats, mais si on les compare à l’ensemble du secteur en Afrique, on se rend compte qu’elles ont des résultats moins bons», indique Julien Wagner, responsable du classement du Top300 du secteur bancaire africain.
Taille
Cela dit, au-delà des performances, mais plutôt en taille, il est impossible de parler du secteur bancaire et des assurances en Afrique sans penser aux groupes marocains. Et d’ailleurs, le dernier classement sur les champions de la finance africaine publié par Jeune Afrique en 2023 le confirme.
En effet, selon ce document, trois grands groupes bancaires marocains font partie du top 20 des plus grandes banques africaines du continent. Et sans surprise, côté marocain, c’est Attijariwafa bank qui vient en tête, en se positionnant à la 9e place continentale. La Banque centrale populaire (BCP) pointe au 19e rang, juste devant un autre géant marocain, à savoir BMCE Bank of Africa, qui occupe la 20e place.
Selon ce classement, «la sophistication de la gestion du risque des banques marocaines leur a évité d’être trop affectées par les chocs successifs». Ces risques proviennent de 15 à 20% de leur activité d’Afrique subsaharienne, selon les auteurs du rapport, qui notent toutefois que c’est une zone où les revenus sont davantage générés.
Ralentissement
En tout cas, pour le secteur financier national, il s’agit là d’un indicateur intéressant, qui en fait un acteur quasi incontournable dans certaines sous-régions du continent, notamment en Afrique de l’Ouest, où les banques marocaines représentent près de 20% de l’activité bancaire.
Ces dernières années, on assiste à un ralentissement de leur rythme d’expansion, notamment vers les marchés anglophones, après de très belles percées, au milieu de la précédente décennie, dans des pays comme le Rwanda ou encore la Tanzanie. Des marchés comme l’Afrique du Sud, ainsi que le Nigéria, restent encore imperméables.
D’ailleurs, cela peut se comprendre au regard de la robustesse des acteurs bancaires dans ces deux pays anglophones, premières puissances économiques et démographiques du continent. En effet, ce classement publié par Jeune Afrique note que la Sud-Africaine FirstStrand Group est la plus grosse banque du continent. Cinq banques nigérianes font partie du Top10, qui comprend également l’Égyptienne Banque Misr et la Marocaine Attijariwafa bank.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO